1 juillet 2010

QUE LIRA-T-ON EN JUILLET ET EN AOUT ?

Préparons l'été et ses plaisirs légers et ensoleillés, ses vacances au bord de l'eau, à la campagne ou en montagne, en France, à l'étranger ou chez soi, en sélectionnant quelques livres à emporter partout avec soi. Ce n'est pas parce que soleil rime avec farniente qu'il faut se laisser aller et lire n'importe quoi. Encore que ! Quelques sélections pour les deux mois d'été avant une rentrée qui promet de belles surprises ... Au cas où je serai passer à côté de certaines sorties incontournables, je vous ferai un petit additif, début août.
  • Éditions 10/18
L'affaire Seymour - Tim Lott

Un roman dangereusement troublant, un Sexe mensonges et vidéo version british, une fable noire et grinçante sur l'obsession voyeuriste de notre époque. Tim Lott ne s'attendait pas à une requête aussi étrange : Samantha Seymour, trente-neuf ans, lui demande d'enquêter sur les circonstances de la mort de son mari, le Dr Alex Seymour. Intrigué, le romancier plonge dans le passé d'une famille londonienne sans histoires. Ou presque. Au fur et à mesure de ses recherches, il va découvrir qu'Alex Seymour était en proie à une sérieuse crise de la quarantaine doublée d'une tendance inquiétante à la paranoïa, allant jusqu'à placer des caméras de surveillance au domicile conjugal pour espionner les faits et gestes de sa femme et de ses enfants. Mais, à ce jeu glaçant de miroirs et de dupes, tel sera pris qui croyait prendre... A moins que Tim Lott n'ait décidé de brouiller les pistes entre roman et fait divers, pour mieux nous manipuler...

Le proscrit - Sadie Jones

Dans cette petite ville du Surrey, au sud de Londres, pendant les années cinquante, tout le monde va à l'église, joue au tennis et fête Noël dans l'insouciance et l'alcool ; les jobs s'obtiennent au cours de conversations de quelques minutes au coin du feu, et les jardiniers sont aux petits soins pour les massifs de fleurs des riches demeures victoriennes. Mais cette façade hypocrite et fragile se fissure à partir du jour où le petit Lewis Aldridge, âgé d'une dizaine d'années, assiste, impuissant et terrifié, à la noyade de sa maman adorée, libre d'esprit et anticonformiste. Privé du réconfort d'un père à peine revenu de la guerre, homme froid, autoritaire et accablé par le veuvage, Lewis se rétracte dans la douleur et sombre peu à peu dans le doute, la solitude, l'automutilation, puis la délinquance... En 1957, quand il sort de prison où il vient de passer deux ans pour avoir incendié l'église de Waterford, il n'a que dix-neuf ans... Son retour chez son père, remarié et peu pressé de revoir son fils, fera non seulement exploser sa famille, mais une communauté tout entière...

Hôtel de Lausanne - Thierry Dancourt

Daniel, le narrateur, rencontre une jeune femme " à l'allure de princesse fatiguée ", Christine Stretter, qui vit un peu hors du temps, entre un père passionné de mappemondes et un fiancé se rêvant cinéaste. Dès lors, se noue une relation à part, clandestine, faite " d'attachement, de compréhension, de douceur ". Au fil de ce roman nimbé de mystère, une géographie subtile se dessine. Dans un Paris enneigé, de rues en pente en chambres d'hôtel, des perspectives nouvelles ne cessent de s'ouvrir. Des décors très finement tracés révèlent tour à tour une énigmatique patronne de café, un ancien professeur de danse en proie à la solitude puis, à Casablanca où Daniel part en quête de meubles pour le compte d'un collectionneur, un volubile gardien d'immeuble ou encore l'étrange propriétaire de deux fauteuils signés du décorateur Jean Royère. Mais une figure domine, entre ombre et lumière : celle, singulière, de Christine Stretter.

Fils d'Héliopolis - James Scudamore (grand format)

Ludo est né à Héliopolis, l'une des nombreuses favelas de Sao Paolo, où misère et violence sont omniprésentes. Il aurait fatalement continué à pousser parmi les mauvaises herbes, s'il n'avait été adopté par Zé Carnicelli, un magnat brésilien, directeur général de la chaîne de supermarchés MaxiMarket. Le voilà installé dans sa fazenda, où il grandit auprès de sa mère promue cuisinière. Entre les souvenirs d'enfance à Héliopolis et le présent de sa nouvelle vie privilégiée dans la métropole brésilienne, Ludo vit son existence en mode grand écart. Ni tout à fait d'en haut, ni tout à fait d'en bas, écartelé entre deux univers inconciliables, son vertige résonne sur fond de croissance économique débridée. Roman multicolore, tout de bruit et de fureur Héliopolis retrace l'itinéraire d'un homme en colère poursuivi par son passé.
  • Folio
Passe un ange noir - Anne Bragance

Tous les jours, Andres Soriano, perclus d'arthrose, se poste sur le banc de l'abribus de la ligne numéro 15. C'est là qu'il rencontre Milush, l'adolescente au drôle de prénom. La jeune fille et le vieux monsieur entament la conversation. Elle vit seule avec sa mère ; lui nourrit l'espoir quasi obsessionnel de retrouver l'ange noir qui l'a un jour émerveillé par son chant magnifique... Malgré la disparité de leurs âges, les lourds secrets de famille, les peurs et les peines, une affinité élective hors du commun va se révéler entre la gamine impertinente et le vieil homme, qui fondera peu à peu une belle complicité et illuminera leurs existences.

Le fond de la jarre - Abdellatif Laâbi

Qu'y a-t-il dans le fond de la jarre ? C'est le mystère des vieux pots, ou plutôt du flacon magique : on ne sait ce qu'il contient mais on l'ouvre avec un frisson délicieux. Et qu'en sort-il ? Une vraie cour des miracles, avec ses personnages
extravagants, doux marginaux ou folles de Dieu au verbe acéré. Une curieuse nuit de noces, où l'on ne brandit pas le seroual taché de sang. Un oncle fugueur amateur de kif, se transformant la nuit en un auguste Homère. Un pique-nique initiatique où un enfant fait d'un radis une madeleine. Et l'âme d'une ville, ou ses tripes. Fès, en l'occurrence, mais le Fès d'un Maroc disparu, sur fond de protectorat français et de lutte pour l'indépendance. Au centre de ce théâtre à ciel ouvert, l'enfant, pris dans une tourmente de découvertes ébouriffantes et de déconvenues cuisantes. En ombre tutélaire, Ghita, la mère, jamais à court d'imprécations et de reparties truculentes, une tendre furie, féministe avant l'heure. Fiction ou autobiographie ? Ce récit brosse un tableau surprenant d'une ville et d'une époque.

Mort d'un jardinier - Lucien Suel

Le narrateur de ce roman s'adresse à un homme au travail dans l'espace clos de son jardin. Un accident cardiaque frappe le jardinier. Dès lors, un flot traverse sa conscience. Images, sons, odeurs, souvenirs, réminiscences littéraires et musicales, sensations, visions se succèdent et s'entremêlent tandis qu'il s'éloigne, au fil du temps et des mots, des êtres qu'il a aimés.

Le démon dans ma peau - Jim Thompson

Adjoint du shérif de Central City, Lou apprend que le fils Conway, cet idiot d'Elmer, s'est amouraché de Joyce, une prostituée installée à l'orée du canton. La bourgade texane est sous la coupe du père Conway, patron d'une grosse entreprise du
bâtiment. Lou garde une dent contre lui : il le soupçonne d'avoir ordonné la mort de son frère Mike et maquillé le meurtre en accident. Aussi lorsque le vieux Conway le charge de faire déguerpir Joyce moyennant 10 000 dollars, Lou a en tête un tout autre plan : il confie à Elmer cette besogne pour les éliminer ensuite tous les deux sur place, en faisant croire qu'ils se sont entretués. Ambiance glauque d'un village perdu, personnages retors et pervers, rapports à double tranchant où personne n'est dupe et où chacun essaie d'abuser son prochain, toutes les obsessions de Jim Thompson se retrouvent dans ce livre à l'âme plus noire que le pétrole texan. Un Thompson au sommet de son art : implacable, machiavélique, brutal.

13 commentaires:

Lilly a dit…

Je suis heureuse que "Le Proscrit" sorte en poche, c'est vraiment un très bon livre.
Sinon, je suis heureuse que tu aimes ce temps, ce n'est vraiment pas mon cas mais tant pis !

Aifelle a dit…

Je ne rien lu de tout cela et je dois avouer que le plein est déjà fait et bien fait pour l'été.

Ys a dit…

C'est de la provocation ça... parce que moi, je devrais lire Naipaul avec toi, et là, ben je n'ai plus envie... par exemple parce que ce Jim Thompson vient d'entrer dans ma PAL et ben... comment dire... Naipaul s'éloigne...

Nanne a dit…

@ Lilly : Et moi donc ! Je l'attends avec impatience, celui-là pour pouvoir le lire tant j'ai lu de billets positifs et enthousiastes ... Pour le temps, je l'aime bien tant que je suis à l'ombre, au bord de l'eau et en lisant. Sinon, la chaleur me rend malade ;-D

@ Aifelle : Même pas "Le Proscrit", dont la blogosphère a fait l'éloge ?! Allez, tu vas bien craquer pour un petit poche de plus ! Hum ...

@ Ys : Dis-moi, serais-tu en train de me dire que notre prochaine lecture commune passerait à la trappe à cause du roman de Jim Thompson ?! Mais je t'absous parce que je comprends bien ta tentation ;-D Quant à moi, je vais quand même lire Naipaul. Au cas où ...

loulou a dit…

encore de belles tentations ! le Jones était déjà noté, mais j'ajoute le Thompson !

Ys a dit…

J'ai droit, c'est vrai ? Ah merci.. je culpabilise un peu quand même... mais Jim Thompson est grand !

Dominique a dit…

Mon programme d'été est déjà proche de l'implosion alors pas question d'en rajouter même si certains sont tentants
Le dernier numéro de "lire" en ajoute une petite couche pour mon désespoir

Nanne a dit…

@ Loulou : Pour "Le proscrit", je me refuse à faire l'impasse dessus ! Je pense que je craquerai pour "Le fond de la jarre", parce que je m'intéresse à la littérature d'Afrique du Nord ... Pour le reste, on verra.

@ Ys : Est-ce que je peux faire concurrence à Jim Thompson ?! Je crois que j'aurai un égo sur-dimensionné, dans ce cas ;-D Et tu n'as aucune raison de culpabiliser ... Il y aura certainement d'autres lectures communes à la rentrée.

@ Dominique : Je te comprends, parce que je suis dans le même cas que toi ! Mais je refuse de faire l'impasse sur "Le Proscrit" de Sadie Jones ... Et j'ai aussi lu le dernier numéro de "Lire", pour mon désespoir ;-D

Manu a dit…

"Le proscrit" me tente bien !

Emilie a dit…

C'est dommage mais rien ne semble m'intéresser cette fois-ci, en même temps cet été c'est plutôt objectif Pal ;-)

Nanne a dit…

@ Manu : Et moi donc ! Toutes les critiques que j'ai lues, les billes dithyrambiques sur les blogs m'ont donné envie de le lire ... Sa sortie en poche est un petit événement estival ;-D

@ Émilie : Rien ?! Sûre et certaine ... En même temps, c'est heureux pour toi, comme cela tu pourras te concentrer sur toutes les lectures dans ta PAL et aborder la rentrée sereine ;-D

Constance a dit…

Est-ce bien raisonnable de nous tenter ainsi...

Nanne a dit…

@ Constance : Je réponds sans l'ombre d'un doute : oui ! Il faut assumer ses addictions ;-D