Amoureux et amoureuses des livres, des auteurs, des mots, je vous propose de faire voyager mes livres. Vous aimez un auteur en particulier. Un livre lu sur ce blog vous a plu. Un thème abordé vous intéresse. Pas de problème. Pour cela, il faut que vous soyez lecteur(s) et lectrice(s) régulier(s) de ce blog, s'inscrire sur mon blog, m'envoyer un message avec votre mail et me donner le nom de votre blog, si vous en possédez un.
Actuellement, deux de mes livres sont partis vers deux lectrices. Il s'agit des ouvrages suivants :
Donc, si un de ces deux livres (ou les deux) vous tente, inscrivez-vous en suivant. Je les ferai suivre. Si d'autres vous tentent, faites-le moi savoir soit par mail, soit par un petit mot sur mon blog.
- Dora Bruder - Patrick Modiano (Folio n°3181)
"Ce sont des personnes qui laissent peu de traces derrière elles. Presque des anonymes. Elles ne se détachent pas de certaines rues de Paris, de certains paysages de banlieue, où j'ai découvert, par hasard, qu'elles avaient habité. Ce que l'on sait d'elles se résume souvent à une simple adresse. Et cette précision topographique contraste avec ce que l'on ignorera pour toujours de leur vie - ce blanc, ce bloc d'inconnu et de silence".
Lorsque Patrick Modiano tombe inopinément sur un avis de recherche de Paris Soir du 31 décembre 1941 concernant Dora Bruder, quinze ans, l'adresse indiquée pour toute information - 41 boulevard Ornano - est l'occasion de revisiter son enfance et sa jeunesse pour cet amoureux des rues de Paris. Le marché aux puces de Saint-Ouen parcouru avec sa mère, le photographe ambulant à deux pas de la caserne Clignancourt, le boulevard Barbés sous un soleil de mai 1958. Commence pour l'auteur un véritable travail d'enquêteur de la mémoire, biographe d'une vie que l'on sait par avance brutalement interrompue. Et les questions qui vont avec. Et les hypothèses qui s'enchaînent.
Dora Bruder, née en France de parents Juifs originaires d'Europe Centrale et Orientale. Un père - Ernest Bruder -, juif autrichien de Vienne. S'ensuivront des suppositions sur l'enfance paternelle, son adolescence, les quartiers fréquentés, les illusions et les dures réalités pour des personnes en déserrance, désocialisées, à jamais citoyens de seconde zone. Engagé dans la Légion étrangère. Blessé. Rendu à la vie civile. Son calvaire n'avait même pas encore commencé. "Sur une petite fiche parmi des milliers d'autres établies une vingtaine d'années plus tard pour organiser les rafles de l'Occupation et qui traînaient jusqu'à ce jour au ministère des Anciens Combattants, il est indiqué qu'Ernest Bruder a été "2ème classe, légionnaire français"". Malgré son engagement, Ernest Bruder n'obtiendra jamais la nationalité française.
Vient le temps du recensement des familles juives. 49091. C'est le numéro de dossier de Cécile et Ernest Bruder. Dora, elle, n'y apparaîtra jamais. Comme si - consciemment ou non - son père avait voulu l'extraire du destin qui l'attendait. Le déni de sa judéité pourrait lui donner lieu de protection. Du moins, l'espérait-il. La fugue de Dora, le 14 décembre 1941. Ce départ précipité, pour qui, pour quoi, pour quelles raisons, alors que l'ennemi est partout à la fois, que Paris vit l'hiver le plus dur et le plus noir de l'Occupation "J'avais fini par me persuader que c'était en ce glacial et lugubre mois de février où la Police des questions juives tendaient des traquenards les couloirs du métro, à l'entrée des cinémas ou de la sortie des théâtres, que Dora s'était fait prendre". A-t-elle appris, lors de sa fugue, l'arrestation de son père, en mars 1942 ? Probablement pas, parce que Dora n'avait toujours pas donné signe de vie, malgré l'annonce dans le journal, malgré le signalement de sa disparition auprès du commissariat de quartier. Dora Bruder retrouvera son père à Drancy avant sa déportation.
"Dora Bruder" est l'occasion pour Patrick Modiano de faire remonter ses propres souvenirs de jeunesse dans un quartier qu'il connaît si bien et de faire le parallèle entre leurs deux existences. En mettant ses pas dans celui de cette jeune fille juive, il nous convie à une flânerie nostalgique et historique à travers le Paris populaire et nous questionne - encore et toujours - sur la Mémoire, son impact dans notre quotidien, son ascendant dans notre vie, sa place dans notre histoire personnelle, sa part d'ombre et de lumière. Allers-retours incessants entre les deux destins, même fugue hivernale à dix-neuf ans d'écart, références culturelles, cinématographiques. Comme si chaque élément fragile découvert concernant la courte présence de Dora Bruder devait être invariablement relié dans le souvenir de Patrick Modiano à des événements connus de tous ou presque. Les phrases de ce roman sont courtes comme pour donner une sensation de course haletante, saccadée, effrénée, presque d'urgence. Le style est dépouillé, sobre, sans décorum, ni lyrisme. C'est sans doute pour tout cela à la fois que l'on se souvient de "Dora Bruder" longtemps après la fin de sa lecture.
D'autres critiques sur Rats de biblio.
Enfin, ça y est, il est arrivé, mon colis "London Swap" organisé par Ys la gentille organisatrice de ce swap envié. Je l'ai trouvé hier soir qui m'attendait patiemment dans ma boîte aux lettres. Et qui ai-je vu comme swappée, Lau.
Je dois humblement avouer que chaque cadeau offert me donne des palpitations. Je suis comme les enfants, toujours très impatiente et fébrile à l'idée d'ouvrir les paquets réalisés pour découvrir les secrets qu'ils recèlent, promesses d'instant de surprise, de joie. Et pour ce qui me concerne, je peux déjà dire que j'ai été comblée au-delà de ce que j'imaginais.En ouvrant le colis, j'ai vu tout un tas de cadeaux emballés avec - sur chacun d'eux -, une petite phrase personnelle pour m'aider à découvrir ce qu'ils contenaient. J'ai été de surprise en ravissement.
La carte envoyée avec le colis contenait une phrase d'Oscar Wilde : "Appuyez-vous sur les principes, ils finiront bien par céder". On y retrouve toute la verve et l'humour corrosif de cet auteur. Pour les gourmandises, classique mais sûr, de la marmelade d'oranges de Séville. Je vais la goûter dès demain. Mais aussi du thé noir "Christmas Tea" à base de zestes de citron, pétales de rose, amandes et épices divers. Il a délicatement imprégné les paquets et les livres de son parfum suave et épicé.Pour les livres, Lee Jackson avec "Les secrets de Londres" et Fabrice Bourland avec "Le fantôme de Baker Street". Mais ce n'est pas fini. J'ai eu droit à un troisième livre, "L'innocence" de Tracy Chevalier.Les livres étaient accompagnés d'un Bookmark pour LCA, avec des illustrations de Andreas Nossmann. Enfin, cherry on the cake, comme disent les Anglais, ça :
un superbe agenda 2009 avec des photos de Londres en noir & blanc d'Alex Holland. Inutile de vous dire que cet agenda, je le garderai bien après la fin 2009 !! Et surtout, un livre de recettes anglaises. Si, si, les mauvaises langues. Il y a de la bonne cuisine en Grande-Bretagne. Et Londres et devenue une des capitales de la gastronomie internationale. Donc, à moi les recettes de marmelade d'oranges, de citrons, des scones, des Scottish shortbread, du Christmas pudding, du Irish stew, du Fish & ships, et autres bonheurs gustatifs anglais revisités.
Bref, que du bonheur, les swaps. J'ai déjà dit, mais je prends plaisir à le rappeler. Et encore merci à Ys pour cette organisation et à Lau pour ce superbe colis rempli de plein de bonnes et belles choses !!!
"Puis, les venelles de la vieille ville m'ont entraînée à la recherche de Kafka. Et c'est ainsi que je me suis retrouvée face au cimetièe juif. Un golem m'ouvrant les portes ... C'était à la fois terrifiant et merveilleux, la matérialisation de tous ces personnages légendaires. En même temps, je me sentais de plus en plus légère, irréelle, livrée aux mythes de la ville. Je n'avais jamais éprouvé à ce point un sentiment d'appartenance. Si on ne peut naître à Prague, il faudrait au moins pouvoir y mourir ... Ma place sera dans ce cimetière, près de Kafka et ses sœurs ... Prague m'a fait l'effet d'une drogue. Un narcotique enivrant".
- La Confusion des sentiments - Stefan Zweig (Livre de Poche n°9521)
"Ce livre ignore tout du secret de mon avènement à la vie intellectuelle : c'est pourquoi il m'a fallu sourire. Tout y est vrai, seul y manque l'essentiel. Il me décrit, mais sans parvenir jusqu'à mon être. Il parle de moi sans révéler ce que je suis. L'index soigneusement établi comprend deux cents noms : il n'y manque que celui d'où partit toute l'impulsion créatrice, le nom de l'homme qui a décidé de mon destin et qui, maintenant, avec une puissance redoublée, m'oblige à évoquer ma jeunesse".
Alors qu'un universitaire reçoit les honneurs de ses collègues et étudiants lors de son départ à la retraite, celui-ci se souvient. Il se remémore la personne qui l'a le plus marqué, celle qui a inspiré sa vie, son œuvre, son caractère ; celle qui a fait de lui l'homme auréolé de gloire et de reconnaissance, son professeur. Il se rappelle sa jeunesse, ce vieux professeur au crépuscule de sa carrière. De ses relations avec son père, simple proviseur dans une petite ville d'Allemagne du nord, il ne conserve que l'instinct de contradiction. La culture seulement vue comme une fonction. Son père aimait les livres ; son fils les méprisait. Son père vénérait les classiques ; lui les détestait. Dans cette liberté acquise avec son statut d'étudiant en anglais à Berlin, le futur professeur a besoin de s'affirmer comme un garçon viril et sûr de lui. Vient alors l'heure d'appartenir à une association d'étudiants - adepte des duels -, et de séduire les filles faciles et légères. Mais cette vie de bohème ne durera qu'un court semestre. Après Berlin, c'est l'arrivée dans une modeste ville universitaire. Ce changement d'atmosphère signera pour Roland sa rencontre avec un professeur charismatique, qui l'attirera tel un aimant. "Quant à moi, je ne pouvais pas bouger, j'étais comme frappé au cœur. Passionné et capable seulement de saisir les choses d'une manière passionnée, dans l'élan fougueux de tous mes sens, je venais pour la première fois de me sentir conquis par un maître, par un homme , je venais de subir l'ascendant d'une puissance devant laquelle c'était un devoir absolu et une volupté de s'incliner".
Cette exaltation d'apprendre, cette émulation intellectuelle, cette frénésie de lire, ce bonheur de découvrir les auteurs proposés de son maître à penser seront contre-balancés par une déception chez le jeune garçon. Il aura vite conscience que son cher professeur est un homme comme les autres, et non pas le héros de ses désirs. Est-il possible qu'une seule et même personne soit entraînée par le foisonnement de l'esprit un instant, et comme lassé par le poids des ans le moment d'après. Lors de ses visites fréquentes à son vénéré professeur, mentor et maître, Roland est de plus en plus troublé par le comportement ambigu de celui-ci. Lors de ses entretiens, il refusait la présence de sa femme ; la dédaignait, la méprisait. Il n'avait à son égard aucune marque de sympathie, de politesse, de tendresse. Il pressent bien un lourd secret de la part de son maître. Secret qui le tourmente et le déstabilise, car en complète contradiction avec l'image austère, rigide et froide de cet homme uniquement préoccupé de culture. "Il partait soudain, comme un bouchon saute d'une bouteille, et revenait ensuite sans que personne ne sût où il était allé. Cette disparition brusque m'affectait autant qu'une maladie : pendant ces deux jours je ne fis qu'errer ça et là, l'esprit absent, inquiet et distrait". Le vieux professeur finira par avouer le brûlant secret de sa vie à son jeune élève. Cet aveu sera une vraie libération pour cet homme vénérable et honorable, enfin reconnu comme un être humain et non pas comme une curiosité.
En lisant "La Confusion des sentiments" de Stefan Zweig, on ne peut s'empêcher de faire un lien avec "L'ami retrouvé" de Fred Uhlman. Même ton d'écriture, même délicatesse pour décrire les situations, les personnes, les sentiments, même patriotisme lyrique. Cette passion que l'on retrouve dans toute l'œuvre de Stefan Zweig. Tout comme dans "L'ami retrouvé", "La Confusion des sentiments" est un hymne à l'amitié entre deux hommes. Mais amitié où la femme n'a pas sa place ; où elle est objet de dissention, de discorde, de désordre. Les sentiments amicaux se rapprochent de l'amour ; de l'angoisse liée à la perte de l'Autre ; de la volonté de sublimer, de magnifier l'Autre ; de l'envie de faire corps et âme avec lui, de lui ressembler dans ses intonations, ses gestes, ses habitudes, de s'oublier pour ne faire qu'un. Freud ne s'y est pas trompé, lui qui a salué "La Confusion des sentiments" dès sa sortie en 1927. On y voit presque un récit psychanalytique sur la complexité des sentiments de la nature humaine et sur l'ambivalence entre amité profonde et amour platonique, sur le transfert. "La Confusion des sentiments" reste néanmoins un texte délicat et subtil sur l'homosexualité à une époque où ce thème était - encore - très largement tabou.
Les avis sur Rats de biblio, de Papillon, de Tamara, de Lilly, pour qui ce récit fait l'unanimité.
Difficile d'échapper à ce tag d'automne qui pousse comme des champignons sur les blogs. Je me suis faite taguée par Sylvie, Kali et Lou pour donner sept blogs I love et pour quelles raisons. Vaste sujet s'il en est, tout simplement parce que - comme beaucoup d'entre vous - tous les blogs que je visite me plaisent pour tout un tas de choses, à commencer par vos livres lus et la façon dont vous les présentez.
Je vais quand même essayer de faire ce périlleux exercice de style. Comme Anne, je suis une insatiable lectrice. C'est elle qui m'a donné envie de créer mon blog. J'ai immédiatement apprécié sa façon simple et agréable de parler de livres que je ne connaissais pas toujours. Je me délecte à chacun de mes passages chez elle. Un blog où j'aime m'inviter parce que l'on y parle de tout ce qui est à la périphérie de la littérature - l'édition, les agents, les prix, les magazines - celui de La lettrine, d'Anne-Sophie. Une vraie mine pour essayer de comprendre l'envers du décor de nos chers et tendres livres bien aimés. Je ne peux manquer de vous parler du nouveau blog d'Allie - qui tente vainement de se cacher de nous - et nous invite à partager ses lectures A l'heure du thé, avec son adorable Homer à qui elle a consacré un blog de photos. Le Plaisir de lire, Dans la bibliothèque d'Alicia et de Cléanthe, deux blogs qui se font - trop - discrets sur la blogosphère et où j'aime aller pour (re)visiter mes classiques. J'aime cette atmosphère calme et reposante de leurs blogs. Un blog - dont je regrette l'arrêt - et qui me faisait toujours beaucoup rire, InColdBlog. Mais je crois que beaucoup ont essayé de le faire revenir sur sa décision. Vainement. Heureusement pour nous, il nous revient avec des commentaires dont lui seul à le secret. Et c'est très bien ainsi.
Je ne saurais terminer sans parler de ma seconde passion, la photo et de deux blogs que je trouve admirables pour leurs qualités esthétiques. Le journal Maître Po par lui-même, pour la beauté tant des textes que des photos. Le blog est une invitation au(x) plaisir(s) et j'aime m'y retrouver pour un instant de bonheur visuel. Muad-Statues de Muad pour toutes les statues répertoriées sur son blog et pour les voyages dans les jardins publics d'ici et d'ailleurs ; pour sa gentillesse, tout simplement.
Voilà, pleins de petits cœurs que je vous transmets, sachant que je vous apprécie tous et toutes pour vos goûts, vos livres, vos commentaires, vos conseils. Pour toutes ces petites choses qui font que les blogs sont une mine inépuisable de rencontres - réelles ou virtuelles -, de partages, d'échanges et de découvertes.