1 septembre 2011

QUE LIRA-T-ON EN SEPTEMBRE ?

La rentrée des grands et des petits est déjà là, et avec elle son cortège de contraintes, de routine. On relance la grande roue du quotidien, en croisant les doigts pour que cette nouvelle rentrée soit (un peu) différente des précédentes, tout en sachant qu'elle sera comme les autres !

Et avec les dossiers que j'ai en cours, je n'ai pas trop de temps pour me poser des questions existentielles ou métaphysiques. Ce qui, en soit, est une excellente nouvelle, vue que je passe mon temps à me torturer l'esprit pour tout. Surtout pour rien !

Mais revenons aux choses sérieuses, et au contenu - faiblard, actuellement - de ce blog. Chaque début de mois, c'est la ritournelle des sorties en poche. Toujours essayer de vous faire (re)découvrir quelques pépites oubliées depuis très (trop) longtemps au fin fond d'une LAL exponentielle et d'une PAL dégoulinante de livres excellents, bons, moyens et - osons le terme - carrément mauvais, mais que l'on ne laisserait jamais de côté.

Voyons voir ce qui sort tout au long de septembre, pour ceux et celles qui ne voudraient pas entendre parler de la rentrée littéraire ...
  • 10/18
La ferme des Neshov - Anne B. Ragde

Après l'enterrement de leur mère, les frères Neshov pensaient reprendre le cours de leur vie. Mais tout a changé : Erlend est confronté au désir d'enfant de son compagnon, Margido à sa solitude et Tor, l'aîné, vit mal son quotidien à la ferme, auprès du « père »...À leur insu, le drame couve et pour chacun d'eux, l'heure des choix a sonné. Tendresse, humour et coups de théâtre : la saga familiale norvégienne d'Anne B. Ragde est un phénomène littéraire incontournable au succès mondial.

Frères de sang - Richard Price

Dans la famille De Coco, la violence est partout, prête à exploser : brutalité, sexe, alcool. Stony, le fils parfait, rêve d'une vie plus large que celle à laquelle la tradition familiale le destine. Mais pourra t-il échapper à ses origines ? Véritable tragédie de l'ordinaire, Richard Price brosse un tableau sans concession du passage à l'âge adulte. « Richard Price est chez lui dans le Bronx : il a beaucoup regardé, noté, senti ce concentré humain en version panoramique. » Christine Ferniot, Télérama

L'écrivain et l'autre - Carlos Liscano

Bouleversant de sincérité et d'intensité, un essai sur l'impossibilité d'écrire. Entre autoportrait impitoyable et brillante mise en abyme, une œuvre magnifique de dépouillement, un éblouissant jeu de miroirs entre l'écrivain et cet autre qui ne cesse de l'inventer. Il y a plus d'un an, Carlos Liscano a commencé un roman qu'il ne parvient pas à terminer. Incapable de créer une autre histoire, il corrige, chercher, rature. Rien. Confronté à la quête éperdue de ces mots qui soudain lui échappent, soumis à une exigence d'absolu qui le paralyse. Liscano fait un constat terriblement désespéré : l'écrivain est une invention. Écrire, c'est chercher ce qu'on ne trouvera pas. Que reste-t-il ? La nuit insomniaque, le fleuve tranquille, des oranges qu'on achète, les rues de Montevideo sous la pluie... Vivre vaut presque toujours la peine.

Mr. Peanut - Adam T. Ross

David Pepin a toujours aimé sa femme, Alice. Pourtant, parfois, il rêve de sa mort. Mais peut-on être coupable des rêves que l'on fait ? Le problème, c'est qu'Alice est morte. Réellement. Pour les deux policiers en charge de l'enquête, David apparaît aussi suspect qu'il est désemparé. Mesurant sa culpabilité à l'aune de leur propre histoire conjugale, il leur devient clair que son rôle ne se limite pas à celui du mari inconsolable... Adam Ross livre un premier roman, hypnotique et intense en disséquant à travers la genèse de ces trois mariages, la réalité effroyable et tragique de la vie à deux. « C'est l'approche la plus fascinante du côté sombre du mariage depuis Qui a peur de Virginia Woolf ? Captivant. Cela m'a provoqué des cauchemars. Un exploit pas misérable. » Stephen King

L'antarctique - Claire Keegan

L'antarctique. " Chaque fois que la femme heureuse en ménage partait, elle se demandait comment ce serait de coucher avec un autre homme. " Dès la première phrase de la nouvelle titre de son recueil, Claire Keegan ferre l'attention de son lecteur. La suite ne le décevra pas. Qu'elle évoque des amours malheureuses (dans L'Amour dans l'herbe haute, l'héroïne vient attendre, neuf ans après qu'ils se sont quittés, son amant sur la lande), les ravages sur ses enfants de la folie d'une mère (Brûlures dit le traumatisme de toute une famille), les rivalités familiales (Les Sœurs) ou la passion naissante entre un homme et une femme réunis par une petite annonce (Osez le grand frisson), l'auteur fait preuve d'une impressionnante maîtrise. Ses intrigues sont denses, ses personnages, souvent des femmes de la classe moyenne, criants de vérité, son style est net et tranchant, sa perception du monde et des rapports humains terriblement juste. Le tour de force de la nouvelliste tient certainement dans la paradoxale tranquillité avec laquelle elle laisse entrevoir les situations les plus extrêmes : ses créatures peuvent se débattre dans un monde indifférent et hostile, lutter contre l'absurdité de la vie, elles garderont toujours la maîtrise de leur destin.

Un mal sans remède - Antonio Caballero

Odyssée fellinienne à l'humour ravageur, portrait au vitriol de la société colombienne, réflexion magistrale sur le rôle de l'écrivain, Un mal sans remède retrace les aventures d'Ignacio Escobar, poète frustré, dans le Bogotà des années 1960. Porté par une formidable énergie romanesque, un livre-culte salué par Gabriel Garda Marquez et Fernando Vallejo. Fils de bonne famille vivant des rentes de sa mère, résistant obstinément au désir d'enfant de sa compagne, sourd aux appels pressants de ses amis lénino-trotskistes qui l'exhortent à l'engagement, Ignacio n'a d'autre ambition que d'achever la grande œuvre qu'il porte en lui, si possible sans avoir à se lever de son lit. Un soir, une dispute le force à quitter sa chambre et le précipite dans les rues de la ville. Commence alors une errance qui va l'exposer à toutes les situations qu'il s'était si bien employé à éviter... Ignacio Escobar finira par écrire son grand poème. Mais la réalité, plus forte, le détruira. La vie est un mal sans remède.

Une âme perdue - Giovanni Arpino

Bref et magistral, un antiroman d'apprentissage, la chronique ramassée en six jours d'un été étouffant dans le Turin des années 1960. Un chef-d’œuvre de la littérature italienne, la redécouverte d'un écrivain majeur de l'après-guerre, dans la lignée d'un Mario Soldati, d'un Cesare Pavese ou d'un Italo Calvino. A la veille de ses dix-sept ans, le jeune Tino s'installe chez sa tante Galla et son oncle Serafino, surnommé l' " Ingénieur ", pour y préparer son baccalauréat. Orphelin, adolescent frêle et gauche réfugié dans les livres, Tino attend de toucher l'héritage de sa mère, précieux sésame qui doit lui ouvrir les portes de la vie étudiante et du monde adulte. Dès son arrivée, Galla et Anetta, la vieille servante, lui font une étrange confidence : au dernier étage de la maison, dans une chambre fermée à double tour, vit le " Professeur ", le frère jumeau de Serafino devenu fou à son retour d'Afrique. D'abord troublé par cette révélation et angoissé par cette cohabitation forcée, Tino adopte petit à petit le rythme de la maison, partageant même les virées nocturnes de son oncle. Jusqu'à ce petit matin où il va découvrir le secret caché derrière ces persiennes closes, un terrible drame qui fera tomber tous les masques, un à un...
  • Livre de poche
La peur du paradis - Vincent Engel

L'Italie au lendemain de la Première Guerre. Entre mer et forêt, au cœur des Pouilles, se niche le village de San Nidro où grandissent Basilio et Lucia. Née de parents inconnus, Lucia est différente et les villageois s'en méfient : enfant presque sauvage, elle est l'amie des signes envoyés par la nature. Basilio, lui, vient de perdre son père. Pour conjurer le chagrin, il oscille entre deux mondes, sa vie de pêcheur sous la voile du sage Luigi, l'univers magique et inspiré de la petite fée des bois. Liés par le destin, Lucia et Basilio s'aiment et se jurent fidélité sans même se l'avouer. Mais un acte irréparable (un bûcher dressé par les enfants pour incinérer le corps du vieux Filippo, qui avait pris Lucia sous sa protection) va faire basculer ces amours enfantines dans le cours tragique de l'Histoire. Sur ordre des fascistes, Lucia est enfermée dans un couvent de Bari. Elle parvient à s'enfuir et se retrouve à Rome. Basilio, désespéré, fera tout pour la retrouver. Une quête faite d'espoirs et de rendez-vous manqués à l'heure où l'Italie mussolinienne pactise avec le diable. Une destinée à mille lieues du « paradis » de San Nidro attend les deux jeunes gens au cours de ce roman envoûtant. Après sa période toscane, Vincent Engel nous emporte dans une géographie sauvage et romantique où affleure toute l'âpreté d'un Sud qui échappe au temps.

Le cahier d'Aram - Maria Angels Anglada

Aram a quinze ans lorsqu’il doit fuir son Arménie chérie avec sa mère, Maryk, pour échapper à la mort. Nous sommes en 1915, année où le gouvernement turc a décrété l’extermination du peuple arménien. Ils marchent des jours et des jours dans un pays dévasté par la guerre, pour échouer en Arménie russe où ils seront finalement à l’abri. Puis c’est l’exil : d’abord la Grèce, sur la petite île de Symi où Aram devient pêcheur de corail, puis Marseille, lieu de refuge pour la communauté ; il faut fuir les fantômes. Là-bas, la vie continue : Maryk finira par refaire sa vie et Aram par rencontrer l’amour. Il va alors tout consigner dans un carnet que lui avait offert son père, Vahé, un grand poète connu et respecté de tous, mort aux mains des Turcs. Pour perpétuer sa mémoire. La mémoire d’un peuple marqué à jamais. La mémoire d’une tuerie sans précédent.

Les saisons de la solitude - Joseph Boyden

Will, un ancien trappeur, est dans le coma après avoir été agressé ; c’est Annie, sa nièce, de retour d'un long voyage, qui veille sur lui, qui lui parle. Dans une communion silencieuse, ces deux êtres évoquent leurs douleurs les plus secrètes, celles de leur peuple, les Indiens Anishabe. De l'immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan, c’est le choc de deux mondes, de deux cultures, que décrit l’auteur. Ce roman saisissant, deuxième volet du triptyque inauguré par Le Chemin des âmes, a été couronné par le plus grand prix littéraire canadien, le Giller Prize.

Les Terres saintes - Amanda Sthers

« Saviez-vous qu’en Israël on se servait des porcs pour pourchasser les terroristes ? D’abord parce qu’ils ont un flair hors du commun, ensuite parce que si un musulman touche un cochon, il se voit refuser les sept vierges au paradis. On y élève donc des cochons sur pilotis comme l’exige la loi afin qu’ils ne frôlent pas la terre sainte. Que rêver de mieux comme personnage qu’Harry Rosenmerck, juif ashkénaze, cardiologue parisien qui a tout quitté pour devenir éleveur de cochons en Israël ? Et puis un rabbin est né pour le contredire : Moshe, qui ne supporte pas cette dérive et encore moins qu’Harry arrondisse ses fins de mois en vendant de la viande impure aux restaus branchés de Tel Aviv, ça les mène forcément vers des discussions politiques. Et qu’y a-t-il de plus critique qu’un juif pour parler de la politique intérieure d’Israël ? Vous connaissez ce dicton sans doute : quand il y a deux juifs dans une pièce, il y a trois avis. David, le fils d’Harry, auteur de théâtre à succès, homosexuel, lui écrit aussi mais son père ne lui répond jamais, incapable d’imaginer son fils dans les bras d’un homme. La fille d’Harry, Annabelle, quitte New York pour fuir un chagrin d’amour et va le retrouver ailleurs en chemin. Et enfin son ex-femme, mère de ses deux enfants, qui se découvre un cancer et revisite leur histoire d’amour et ses zones d’ombre comme si cela pouvait l’aider à affronter la vie et son issue. C’est un roman sur les limites de chacun, sur ce qu’on ne se dit pas, ou trop tard. Sur les élans du cœur qui restent coincés dans la gorge. Sur les instants qui passent et qu’on n’a pas su saisir. Sur la petite histoire dans la grande. C’est un roman d’amour. »

22 novembre 1963 - Adam Braver

À la manière de Short Cuts de Robert Altman, Adam Braver met ici en scène certains des acteurs, premiers rôles et figurants, durant les heures qui précèdent et qui suivent l’assassinat de J. F. Kennedy. Autour de la figure centrale de Jackie Kennedy, quelques personnages vont vivre eux aussi une journée particulière : un tailleur de Dallas, dont le nom et le film amateur vont faire le tour du monde, un médecin de l'hôpital Parkland, qui va, quelques heures plus tard, pratiquer l'autopsie du corps du Président, le personnel de la Maison-Blanche chargé des enfants du couple… Mêlant avec habileté la grande et la petite histoire, l’auteur nous fait pénétrer dans l'intimité des protagonistes du drame, posant ainsi un regard neuf sur cette tragédie qui a pourtant fait couler beaucoup d’encre. Un roman hypnotique servi par une écriture magnifique de précision et par une construction ensorcelante.

Guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle-Angleterre - Brock Clarke

Moi, Sam Pulsifer, je suis l'homme qui a accidentellement réduit en cendres la maison d'Emily Dickinson à Amherst, et qui, ce faisant, a tué deux personnes, crime pour lequel j'ai passé dix ans en prison. Il suffira sans doute de dire qu'au panthéon des grandes et sinistres tragédies qui ont frappé le Massachusetts il y a les Kennedy, les sorcières de Salem, et puis il y a moi. B. C. Brock Clarke réussit, avec un sens de l'humour déroutant, un véritable tour de force littéraire, rendant ainsi hommage aux grands écrivains américains.

L'affaire de l'esclave Furcy - Mohammed Aïssaoui

« Le 16 mars 2005, les archives concernant "L'affaire de l'esclave Furcy" étaient mises aux enchères, à l'hôtel Drouot. Elles relataient le plus long procès jamais intenté par un esclave à son maître, trente ans avant l'abolition de 1848. Cette centaine de documents, des lettres manuscrites, des comptes rendus d'audience, des plaidoiries, illustrait une période cruciale de l'Histoire. Les archives révélaient un récit extraordinaire : celui de Furcy, un esclave âgé de trente et un ans, qui, un jour d'octobre 1817, dans l'île de la Réunion que l'on appelle alors île Bourbon, décida de se rendre au tribunal d'instance de Saint-Denis pour exiger sa liberté. Après de multiples rebondissements, ce procès, qui a duré vingt-sept ans, a trouvé son dénouement le samedi 23 décembre 1843, à Paris. Malgré un dossier volumineux, et des années de procédures, on ne sait presque rien de Furcy, il n'a laissé aucune trace, ou si peu. J'ai éprouvé le désir, le désir fort, impérieux, de le retrouver et de le comprendre. De l'imaginer aussi ».

Mes prix littéraires - Thomas Bernhard

Sous prétexte de parler de tous les prix littéraires qu’il a reçus, Thomas Bernhard se livre, dans ces textes inédits, à ce qu’il fait le mieux : exercer sa détestation. Jurés, organisateurs, notables allemands ou autrichiens, personne n’est épargné par l’humour vengeur d’un auteur hypersensible à la médiocrité. Irrésistiblement méchant et drôle, il excelle aussi dans l’art de la miniature. Chaque récit est un joyau, et se lit comme une courte nouvelle. Derrière une apparente désinvolture, Bernhard interroge la nature de l’industrie littéraire et la vanité des distinctions honorifiques. Tout cela dans un style acéré et ironique à la fois – du grand art. Terminé en 1980, ce petit volume, resté pour des raisons obscures inédit du vivant de l’auteur, associe neuf récits de remises de prix et les discours de réception correspondants, poétiques et violents. On comprendrait presque pourquoi un certain ministre autrichien, à l’audition d’un de ces discours assassins, s’est retenu de justesse de frapper Bernhard...

Galadio - Didier Daeninckx

Allemagne, années trente. Ulrich est un adolescent de Duisbourg comme les autres. À un détail près : sa peau est noire... Son père, un soldat africain, est venu en Allemagne avec les troupes françaises d'occupation chargées de veiller à l'application du traité de Versailles. Il est reparti en 1921, quelques mois avant la naissance de cet enfant, fruit d'un bref amour avec une jeune Allemande. Ils sont des centaines, comme Ulrich, à incarner ce qu'Hitler et les nationalistes ne cesseront de dénoncer, dans l'entre-deux-guerres, comme la «honte noire», symbole de l'avilissement délibéré du sang aryen par les occupants. Leur sort ne sera en général guère plus enviable que celui des Juifs. Ulrich, pour sa part, va connaître un destin inattendu et mouvementé, et découvrir une autre facette de son identité : Galadio. Comme toujours, Didier Daeninckx s'appuie sur une documentation très fouillée pour éclairer un aspect méconnu de l'histoire du vingtième siècle. Il révèle ici le sort terrible des Allemands métis dans un pays emporté par le délire nazi. De Duisbourg aux studios de cinéma de Babelsberg, jusqu'aux rivages du Sénégal où se déroulent les premiers combats entre pétainistes et gaullistes, Ulrich apprend à connaître les hommes.

Les corps en silence - Valentine Goby

«Elle imagine possible un mari fidèle, pour ça elle est prête à faire sa fille des rues, sa prostituée, sa courtisane. Tout plutôt que ça : qu'il couche ailleurs. Elle dit tout, elle pense tout, elle l'aime à se tuer.» Deux femmes en résistance contre la fin du désir amoureux. À un siècle d'écart leurs chemins se croisent, se confondent, se séparent : l'une tente l'impossible pour reconquérir l'homme qu'elle aime, l'autre imagine une rupture radicale. Toutes deux refusent le silence des corps.

Sobibor - Jean Molla

Emma est une jeune femme atteinte d’anorexie. Appréhendée dans un supermarché pour vol, elle ne peut qu’expliquer : «Je l’ai fait pour qu’on m’arrête.» Pourtant, Emma veut savoir, Emma veut comprendre. «Sobibor», ce nom, prononcé par sa grand-mère polonaise peu avant sa mort, lui apportera plus que de simples réponses. Dans ce récit mettant en scène une adolescente aux prises avec des réalités qui la dépassent, Jean Molla revient sur un des épisodes les plus tragiques du siècle dernier. Ce roman, au succès critique et populaire, a été récompensé par plus de dix prix littéraires et a été traduit en six langues.

Le malentendu - Irène Némirovsky

Yves Harteloup est un rejeton déclassé de la grande bourgeoisie, meurtri par la guerre. En vacances sur la côte basque, il retrouve les matins radieux de son enfance et s'éprend de Denise, une femme mariée qui appartient à son milieu d'autrefois. Très vite, Denise l'aime et ne vit que pour lui… Dans ce premier roman publié en 1926 alors qu’elle avait à peine vingt-trois ans, Irène Némirovsky nous décrit la passion et les dangers qui guettent les amants. Et le goût que pouvait prendre le bonheur, au milieu des années folles.

Histoire du romantisme/40 portraits romantiques - Théophile Gautier

Cette Histoire du Romantisme est, en quelque sorte, la postface inachevée à l'œuvre multiforme, et à la vie, du poète, du critique, du journaliste, du romancier, du conteur, du nouvelliste qu’était Gautier. Il sentait qu’il allait mourir. D’où l’importance de ce dernier livre, conçu pour survivre à sa propre disparition et pour sauver du même coup son nom et toutes ses œuvres précédentes. Il est trop fin pour lui donner la forme d’un plaidoyer pro domo. Il va raconter une aventure collective. Gautier s’y lance sur le mode léger et badin du conteur qui ne force pas la voix, sans rien de solennel, comme une dernière conversation à bâtons rompus. L’Histoire du Romantisme est citée partout parce que ce livre contient le récit enluminé de la bataille d’Hernani, un chapitre d’anthologie, haut en couleurs, une description, écrite par un protagoniste parlant au nom de tout le chœur des hugoliens, de cette révolution d’avant la révolution de Juillet, ce combat qui aurait suffi à faire passer à la postérité la date de 1830. Ce volume ne se limite pas au récit de la bataille d’Hernani. Il ressuscite une galerie de personnages. À la suite des douze chapitres de l’Histoire, on trouvera ici quarante portraits publiés en revue puis en volumes séparés. Le mélange de peintres, de sculpteurs, d’écrivains, d’actrices caractérisait non seulement le génie de Gautier, marqué à jamais par sa formation artistique, mais l’esprit même de cette armée romantique. Pour la plupart, ce sont des hommages aux compagnons morts. Cette série de textes courts prépare en réalité le projet d’écrire une Histoire du Romantisme, ils en sont le laboratoire. Dans cette nouvelle édition en Folio classique, ils sont quarante : on a choisi ici de créer une sorte d’académie arbitraire, dont Gautier fait partie. Le choix proposé dans ce volume correspond aux figures qui sont demeurées au panthéon des arts, des lettres, de la scène. Dès l’attaque du livre, après le leitmotiv du cor qui vient l’avertir qu’il est temps, les premiers mots qui surgissent sous sa plume sont « idéal », « poésie », « liberté », « enthousiasme », « bravoure », dans la même phrase, comme s’il voulait tout dire tant qu’il en a la force. Bouleversantes aussi les explosions de joie, les rires qui scandent cette Histoire, résurrection du passé. Gautier se retrouve en rêve parmi ses compagnons, ses enfants du Paradis, à table, au théâtre, au milieu de leurs fêtes et de leurs bals. Dans ce livre, pour survivre encore un peu et trouver l’énergie de le terminer, le vieux Gautier inhale des bouffées de bonheur. « Une telle joie, écrit-il, ne devait sans doute pas durer. Être jeune, intelligent, s’aimer, comprendre et communier sous toutes les espèces de l’art, on ne pouvait concevoir une plus belle manière de vivre, et tous ceux qui l’ont pratiquée en ont gardé un éblouissement qui ne se dissipe pas ».

La main droite du diable - Ken Bruen

L'Irlande, noyée sous l'afflux des devises et livrée à la cupidité, ne se tourne plus vers l'Église, en quête de réconfort et de consolation. Mais la décapitation du père Joyce dans un confessionnal de Dublin horrifie les citoyens les plus blasés. Jack Taylor, que le traumatisme lié à la perte d'un être cher vient d'anéantir, s'est toujours considéré comme à mille lieues d'une éventuelle rédemption. Un travail insolite lui offre pourtant un nouveau départ, et une surprenante association lui permet d'entrevoir que l'unique rêve qu'il poursuit encore éperdument, celui d'une famille, peut encore se réaliser. Quand se mêlent exorcisme inquiétant, prédateur qui rôde et attirance hautement improbable, tout concourt à l'entraîner dans un sombre réseau de conspirations. Le spectre d'une enfant hante chacune des heures qui échappent au sommeil. Désespérée mais lumineuse, l'écriture de Ken Bruen capture le sombre décor de la société irlandaise en cette époque de bouleversements socio-économiques.

Dans la vallée de l'ombre de la mort - Kirk Mitchell

Au beau milieu du carnage de la Guerre de Sécession, un tueur s'attaque à des femmes Dunkers, ces Baptistes allemands qui refusent de porter les armes pour l'un ou l'autre camp. Le colonel Simon Wolf, Juif Sudiste engagé dans l'armée du Nord, va traquer le meurtrier jusqu'au bout dans ce gâchis absurde où l'on entasse bras et jambes coupés dans un chariot et où le typhus finit le travail commencé par les armes parce qu'on a installé les latrines de l'hôpital près de la seule source disponible.
  • Point Seuil
Le baiser de la pieuvre - Patrick Grainville

Le rêve de la femme du pêcheur d'Hokusai est l'estampe érotique japonaise la plus connue. La plus énigmatique aussi. Union de la femme et de la bête marine. Scène d'hypnose, de sexe, de vigilance animale et de volupté surnaturelle. Patrick Grainville n'aborde pas le sujet par le biais d'une biographie d'Hokusai et d'une reconstitution de son époque. Il va droit au cœur du motif et raconte l'histoire de ce couple impossible d'amantes : femme et pieuvre. Le récit de cet amour monstrueux déroule son fil romanesque et fluide. Au gré des péripéties très concrètes affleure le sens de cette aventure inédite. C'est d'abord l'évocation d'une île asiatique, perdue dans la mer, où vivent quelques villages de pêcheurs autour d'un volcan. Tout commence par la révélation qui frappe un bel adolescent, voyeur aveuglé par la nudité d'une femme... L'apparition et l'emprise de la pieuvre naîtront de ce dévoilement de la beauté interdite et de sa profusion intime et sensuelle.

Dans la nuit brune - Agnès Desarthe

Jérôme est un homme calme. C'est du moins ce qu'il croit. Lorsque l'amoureux de sa fille Marina meurt dans un accident, il tombe dans une profonde agitation. Que faire du chagrin de Marina ? D'autres secousses, de plus en plus fortes, viennent ébranler la vie de Jérôme. II doit alors se rendre à l'évidence : de lui-même et de ses origines, il ne sait rien, sinon qu'il fut recueilli jadis, errant dans les bois, par un couple qui l'adopta. D'où vient Jérôme, l'enfant sauvage ? Pour le savoir, il lui faudra plonger à nouveau dans la nuit brune, guidé par un étrange mentor. Dans ce livre, un homme doit se confronter à des forces qui le dépassent, et qui portent des noms si anciens qu'ils ont presque perdu leur sens, comme Eros ou Thanatos. Pour lui, l'Histoire est vraiment un cauchemar dont il essaie de s'éveiller. Usant de toutes les ressources du romanesque, sans se priver de celles du conte, Agnès Desarthe ne cesse de nous surprendre et de nous enchanter.

11 commentaires:

Clara et les mots a dit…

J enote et surligne "une âme perdue" !

Kathel a dit…

Je recommande "L'antarctique" et "Les saisons de la solitude" et je note "Une âme perdue" comme Clara !

Valérie:) a dit…

je ne peux que conseiller le livre d'amanda sthers, je suis sortie bouleversée de cette lecture... merci Nanne, pour ce récapitulatif qui nous permet de (re)noter des titres !

Dominique a dit…

Belle sélection
j'en retiens deux qui met tentent : Amanda Sthers et Valérie à l'air enthousiaste et Le cahier d'Aram pour le sujet sur l'Arménie

Bénédicte a dit…

je n'en connais aucun mais quel programme

keisha a dit…

Je suis contente que L'affaire de l'esclave Furcy ressorte en lumière, il a été trop vite oublié!

Lou a dit…

"Mr Peanut", le roman sur l'écrivain et le Valentine Goby me tentent particulièrement... j'avais particulièrement aimé "Qui touche à mon corps je le tue".

Nanne a dit…

@ Clara : Je comprends ton engouement pour ce roman qui semble être vraiment excellent ! Lui (comme d'autres), me tente beaucoup par l'intensité de son sujet.

@ Kathel : "Les saisons de la solitude" et "Une âme perdue" sont deux valeurs sûres de cette sortie poche de septembre ! J'attendais le roman de Boyden avec une certaine impatience, je dois le reconnaître ...

Nanne a dit…

@ Valérie:) : J'ai pensé à toi lorsque j'ai vu ce roman d'Amanda Sthers au Livre de Poche. Et comme tu m'en avais dit beaucoup de bien, que le thème était riche, je l'ai mis dans la liste des sorties à ne pas oublier ! Merci pour cette belle information ...

@ Dominique : Le livre d'Amanda Sthers a vraiment l'air passionnant ! Maintenant, avec la sélection que j'opère, je me rends compte que je vous présente des livres que j'ai réellement envie de lire ... C'est ce qui m'inquiète ;-D

Nanne a dit…

@ Bénédicte : Ces petits rendez-vous mensuels sont l'occasion de découvrir de vraies pépites littéraires parfois oubliées depuis quelque temps ... C'est aussi une façon de faire une piqûre de rappel sur de belles lectures pour des prix abordables ;-D

@ Keisha : Entièrement d'accord avec toi concernant ce roman dense et fascinant d'une affaire singulière ! Lorsque j'ai vu que les éditions Folio le sortait, je me suis dit que c'était là une occasion de le mettre en avant et de le faire découvrir ... J'espère que certain(e)s le liront ;-D

Nanne a dit…

@ Lou : Je me doute bien que tout ce qui est anglais, avec de l'humour British ne peut que te tenter ;-D Le roman de Valentine Goby me semble très puissant au niveau des sentiments amoureux ! Elle reste dans cette veine de la relation homme/femme et dans celle du corps féminin. Et cela lui réussit plutôt bien, je trouve ...