- Le Monde d'hier - Stefan Zweig - Livre de Poche n°14040
"Rien n'est plus éloigné de mon dessein, ce faisant, que de me mettre en évidence, si ce n'est au même titre qu'un conférencier commentant les images projetées sur l'écran ; le temps produit les images, je me borne aux paroles, et ce n'est pas tant mon destin que je raconte que celui de toute une génération, notre génération singulière, chargée de destinée comme peu d'autres au cours de l'histoire. Chacun de nous, même le plus infime et le plus humble, a été bouleversé au plus intime de son existence par les ébranlements volcaniques presque ininterrompus de notre terre européenne ; et moi, dans la multitude, je ne saurais m'accorder d'autres privilèges que celui-ci : en ma qualité d'Autrichien, de Juif, d'écrivain, d'humaniste et de pacifiste, je me suis toujours trouvé à l'endroit exact où ces secousses sismiques exerçaient leurs effets avec le plus de violence. Par trois fois, elles ont bouleversé mon foyer et mon existence, m'ont détaché de tout futur et de tout passé et, avec leur dramatique véhémence, précipité dans le vide, dans ce "Je ne sais où aller" qui m'était déjà bien connu. Mais je ne m'en suis pas plaint : l'apatride, justement, se trouve en un sens libéré, et seul celui qui n'a plus d'attache à rien n'a plus rien à ménager".
Cher Stefan Zweig,
Me permettez-vous de vous appeler par votre prénom et votre nom, et non par ce terme usuel et impersonnel de Monsieur, parce que je vous connais un peu et vous admire tant. Je sais vos grandes qualités d'écrivain, d'homme, d'humaniste soucieux de votre prochain et de l'avenir d'un monde qui a sombré - peu à peu - dans le chaos, au point de vous engloutir avec lui. Je vous écris cette longue missive parce que j'ai lu avec attention et concentration votre magnifique "Monde d'hier", que j'ai plongé avec délice, bonheur et nostalgie dans une époque et dans une région d'Europe chère à mon cœur.
Avec toujours autant d'humilité, de simplicité et de sensibilité propres à votre écriture, vous nous racontez votre famille. Celle de votre père, viennois et originaire de Moravie dans ce qui fût - avant 1914 - l'empire austro-hongrois. Ce père qui a fait fortune dans l'industrie et le commerce des tissus, sorti des ghettos d'Europe centrale, érudit, cultivé, raffiné et réservé, a toujours refusé les charges honorifiques. "Quoi qu'il fût infiniment supérieur à la plupart de ses collègues par son maintien, ses qualités sociales et sa culture - il jouait excellemment du piano, écrivait avec élégance et clarté, parlait le français et l'anglais -, il se déroba aux distinctions et aux charges honorifiques et, de sa vie, ne sollicita ou n'accepta aucun titre ni aucune dignité, bien qu'en sa qualité de gros industriel on lui en offrît bien souvent. N'avoir jamais rien demandé, n'avait jamais dû dire "s'il vous plait" ou "merci", cette secrète fierté lui était plus chère que tout signe extérieur de distinction". En cela aussi, vous êtes son digne descendant, vous qui avez cultivé l'élégance et la discrétion jusque dans vos œuvres. Par votre mère, vous voilà avec un soupçon de sang italien. Sa famille a essaimé partout dans le monde à la manière des Rothschild ou des Camondo. Comme eux, elle descend d'une lignée de patriciens, de banquiers et ne se sentait aucun lien ni attache avec l'orthodoxie juive. Elle en tirait une sorte de fierté qui, parfois vous amusait, souvent vous exaspérait.
Vous avez été élevé à Vienne, capitale de cet immense empire s'étendant jusqu'aux confins de l'Europe et où il faisait si bon vivre. Vienne, épicentre culturel et intellectuel de votre vie, ville deux fois millénaire, cité du théâtre et de la grande musique accessible à tous, qui a rassemblé en son sein tant d'écrivains, d'artistes, de musiciens prestigieux. Vienne, à la confluence de toutes les nations de son empire, dont le cœur était le château des Habsbourg. "Le Château était au centre de ce qui, dans la monarchie, transcendait les limites des nationalités. Autour de ce château, les palais de la haute aristocratie autrichienne, polonaise, tchèque, hongroise formaient en quelque sorte la seconde enceinte. Venait ensuite la "bonne société" que constituaient la petite noblesse, les hauts fonctionnaires, les représentants de l'industrie et les "vieilles familles" ; enfin, au-dessous, la petite bourgeoisie et le prolétariat". Vienne, ville d'art grâce à cette grande bourgeoisie juive qui allait permettre d'étendre le rayonnement de votre capitale partout en Europe par la constitution de grandes collections privées et de mécénat. Par leur intégration et leur désir d'assimilation, la communauté juive d'Autriche allait donner d'éminents artistes, universellement reconnus pour leur talent : Gustav Mahler, Schoenberg pour la musique ; Hoffmannstal, Schnitzler, Altenberg pour la littérature et la poésie, Max Reinhardt pour le théâtre, Freud pour la psychanalyse, sans vous oublier, vous, Stefan Zweig.
Quoi que votre enfance ait été belle, vous avez eu du mal à supporter l'austérité d'un enseignement strict et ennuyeux. Le jour où vous avez quitté cet endroit malodorant, sinistre et morne aura été un de vos plus beaux souvenirs. De cette période, vous avez conservé le goût, la passion de la liberté et une haine pour l'autoritarisme et le doctrinaire. Inconsciemment, vous prépariez votre personnalité à ce devenir fait de voyages et d'errance. C'est toujours au lycée que vous vous êtes épris d'art et de culture. Quoi de plus naturel, au vu de votre milieu social et de votre ville d'origine. Très tôt, donc, le théâtre, la littérature, les concerts de musique classique et la poésie empliront votre quotidien, orienteront votre avenir. Vous cachiez les poèmes du jeune Rilke dans les couvertures de vos cahiers de lycéens. Le plaisir du risque était plus fort que tout. "Nous fourrions notre nez partout avec une avide curiosité. Nous nous glissions aux répétitions de la Philharmonique, nous furetions chez les bouquinistes, nous inspections chaque jour les vitrines des libraires afin de savoir aussitôt ce qui avait paru la veille. Et avant tout, nous lisions, nous lisions tout ce qui nous tombait entre les mains. Nous empruntions des livres dans les bibliothèques publiques, nous nous prêtions mutuellement tout ce que nous dénichions. Mais le meilleur endroit pour nous instruire de toutes les nouveautés restait le café".
Vous sentiez un vent nouveau venir. Cette jeunesse pleine d'espoir et talentueuse poussait déjà les anciens vers la sortie, en douceur, en ce début de 20ème Siècle pleins d'aspirations de toutes sortes. Arthur Schnitzler formera le mouvement culturel "Jeune Vienne" avec Hermann Bahr, Richar Beer-Hofmann, Peter Altenberg. Mais celui qui vous fascinait tous était Hugo Von Hofmannsthal, bien plus précoce, bien plus brillant que Rainer Maria Rilke. Cela a donne à votre groupe de lycéens l'envie de vous lancer dans le théâtre, la musique, la littérature. Certains seront même publiés dans des revues d'avant-garde. Pour vous, ce seront deux des plus remarquables, Die Gesellschaft et Die Zukunft. Malgré votre jeune âge, vous avez préféré les joutes intellectuelles aux combats sportifs, les découvertes intellectuelles aux promenades campagnardes des environs de Vienne pourtant si promptes au repos et à l'apaisement, les discussions subtiles aux conversations oiseuses avec des jeunes filles.
Mais la naissance de ce nouveau siècle verra aussi d'autres libérations, moins spirituelles et plus sociales. Vous découvrirez le socialisme du Dr. Victor Adler militant pour une démocratie vraie et non limitée aux seules classes bourgeoise et aristocratiques, ouvertement prolétarienne et qui effrayait la bonne société viennoise. "Les socialistes ! Ce mot avait alors en Allemagne et en Autriche un arrière-goût de sang et de terreur, comme autrefois le mot jacobins et depuis le mot bolchevistes. Au premier instant, on ne pouvait croire possible que cette tourbe rouge des faubourgs défilât sans mettre le feu aux maisons, piller les magasins et commettre toutes les violences imaginables. Une sorte de panique gagna de proche en proche". Un contre-courant allait apparaître - le parti chrétien social - petit bourgeois et ouvertement antisémite du Dr. Karl Lueger. Vous ne le savez pas encore, mais il allait servir de marche-pied au national-socialisme en Autriche trente ans plus tard. Que cet antisémitisme paraîtrait bien timoré face à celui, vociférant, haineux, hargneux, violent, terrifiant, des nationaux-socialistes autrichiens dans quelques années !
Avant le désespoir d'une situation sans issue, vous voilà étudiant à l'université. Vous choisissez la philosophie en humaniste que vous êtes et serez toujours. Les corporations étudiantes se battant en duel et tirant fierté de leurs balafres sur le visage comme autant de marques de virilité vous gênent. Non, ce qui vous passionne, c'est la poésie. Quelle joie lorsque vos premiers poèmes sont publiés et que vous recevez les encouragements de Rilke. Le compositeur Max Riger - l'égal de Richard Strauss - mettra en musique six de vos poèmes. La gloire frappe à votre porte. Vous avez à peine dix-neuf ans. Ce premier recueil sera publié à la Neue Frei Press, dont le rédacteur n'est autre qu'un certain Théodore Herzl. Celui-ci vous exhortera à voyager, à découvrir d'autres horizons, à vous ouvrir à d'autres cultures afin de mieux ressentir les différents mouvements littéraires. Votre premier séjour sera Berlin. Ce court déplacement en Allemagne sera une parenthèse d'intense liberté où vous fréquenterez la bohème berlinoise mêlant aristocrates, bourgeois, prolétaires, homosexuels, morphinomanes, repris de justice, êtres jugés amoraux par votre milieu et dont vous recherchez la présence tout au long de votre existence. Après Berlin, ce sera la Belgique et la rencontre avec celui qui deviendra un de vos intimes, le poète Emile Verhaeren." Ainsi il se tenait en chair et en os devant le jeune homme que j'étais, lui, le poète, tel que je l'avais souhaité, tel que je l'avais rêvé. Et dès cette première heure de contact personnel, ma résolution était prise : servir cet homme et son œuvre". Puis, ce sera Paris, ville qui vous a émerveillé pour son vent de liberté apparente. Vous en aviez sans doute une image édulcorée et romantique, mais qu'importe, elle vous a emballé, emporté, vous l'avez sublimée. C'est toujours à Paris que vous rencontrerez Rilke qui vous avait encouragé à persévérer dans la poésie. Homme discret, Paris ne savait encore rien de son talent. Il était - comme vous - un inconnu dans la capitale et cela vous convenez à tous deux. De votre rencontre avec Rodin, vous aurez appris "[...] la concentration, le rassemblement de toutes les forces, de tous les sens, la faculté abstraite de soi-même, de s'abstraire du monde, qui est le propre de tous les artistes".
En plus de l'art, vous vous lierez avec des hommes politiques brillants de votre époque, particulièrement Walter Rathenau, qui vous a ébloui par son envergure politique et intellectuelle, son dualisme, sa volonté de tout faire, tout tenter pour sauver l'Europe. C'est Rathenau qui vous incitera à visiter l'Inde et les États-Unis afin de mieux comprendre le vieux continent. Petit à petit, ce siècle naissant apportait le confort matériel et spirituel, l'assurance, la quiétude, l'ouverture à d'autres horizons pour tout le monde. Chacun pouvait enfin voyager, se cultiver, aller au théâtre, au cinéma débutant. Tout se démocratisait. Les femmes se libéraient de leurs entraves corsetées et voilées ; les hommes voulaient rajeunir. La vie était belle pour tous. Les conditions de travail s'amélioraient pour les ouvriers et les employées. Vous vous sentiez profondément européen, et persuadé - avec vos amis poètes, écrivains, artistes -, que la guerre ne s'imposerait jamais, que les hommes se lèveraient pour refuser cette ignominie. Vous aviez foi en Jaurès et en son International Socialiste et pacifiste. Cette situation entre ombre et lumière, espoir et angoisse, optimisme et pessimisme vous permettra de faire une autre rencontre, tout aussi décisive pour vous, celle de Romain Rolland. Surtout, l'été 1914 était splendide, chaud, ensoleillé. Vous deviez rejoindre Verhaeren en Belgique. Les batailles diplomatiques autour de l'archiduc François-Ferdinand vous inquiétaient bien un peu. Mais sans plus. Beaucoup de bruits pour rien ! Hélas, vous alliez faire l'amère expérience de la guerre, de la haine, de la fureur. Par deux fois, vous connaîtrez cette ferveur populaire qui mène au fanatisme, à la rage de combattre l'autre sans savoir, à la hargne de piétiner la culture, l'histoire, la vie sans la moindre concession à attendre. Vous refuserez toujours de cautionner de tels comportements. Au contraire, le Berliner Tageblatt publiera votre article, " A mes amis étrangers", pour leur prouver - si besoin en était - votre amitié fidèle et inébranlable, votre foi en la paix et la construction d'une culture européenne. "La plupart de nos anciennes relations s'étaient rompues par la faute de l'aveuglement patriotiques de nos camarades d'antan. Nous avions besoin d'amis nouveaux, et comme nous étions sur le même front, dans les mêmes tranchées spirituelles, luttant contre le même ennemi, il se forma spontanément entre nous une sorte de camaraderie passionnée [...]".
Le retour dans l'Autriche de cet entre-deux guerres vous désespérera. Qu'ont-ils fait de votre bel empire, si paisible ? Ils l'ont réduits à néant. Un état minuscule, dépouillé, amoindri moralement et économiquement. Cela vous désolera. Cependant, dans tout négatif, il y a toujours une part de positif. La société autrichienne voudra oublier, rayer, enfouir ces quatre années d'horreur pour vivre, vivre intensément, se dépouiller des oripeaux du passé, de tout ce qui corsetait, enfermait, vrillait la société, bridait l'esprit. L'art allait évoluer vers de nouvelles formes. Plus de liberté, plus d'audace ! On dépoussière les traditions, l'ordre des choses est bouleversé. On bouscule les modes de penser, d'être, de vivre. "Une époque d'extase enthousiaste et de fumisterie confuse, mélange unique d'impatience et de fanatisme. Tout ce qui était extravagant et contrôlable connaissait un âge d'or : la théosophie, l'occultisme, le spiritisme, le somnambulisme, l'anthroposophie, la chiromancie, la graphologie, le yoga indou et la mysticisme paracelsien. On s'arrachait tout ce qui promettait des états d'une intensité dépassant ce qu'on avait connu jusque-là, toute espèce de stupéfiants, la morphine, la cocaïne et l'héroïne ; au théâtre, l'inceste et le parricide, dans la politique, le communisme et le fascisme étaient les seuls thèmes, extrêmes, qu'on accueillît favorablement : en revanche, on proscrivait sans appel toute forme de normalité et de mesure".
Mais très vite, de sombres et inquiétants nuages vont plomber votre ciel serein. D'abord l'Italie mussolinienne avec ses Chemises noires vous angoisseront. Puis, ce sera au tour de l'Allemagne d'être viciée par cette atmosphère délétère et nauséabonde avec la montée du national-socialisme. Cet entre-deux guerres qui verra la firmament de votre reconnaissance partout en Europe quoi que vous publiiez, sera bientôt annihilé par les forces fascistes qui pratiqueront la censure et les autodafés d'auteurs jugés indignes, dégénérés. Par votre religion et votre pacifisme, vous ne serez pas épargné. Ils vous pousseront à l'exil. Ils vous rendront la vie impossible et désespérante au point de préférer une mort digne et consentie à une errance contrainte et humiliante. En vous suicidant le 22 février 1942, vous laisserez un vide difficile à combler dans le monde littéraire qui se sentira désemparé, orphelin, désolé, perdu. Il faudra attendre trois ans pour que le monde vous redécouvre et vous rende votre dignité perdue en faisant de vous l'un des auteurs de langue allemande les plus appréciés et les plus connus de votre génération.
"Le Monde d'hier" de Stefan Zweig est un (re)lecture commune avec Karine:) et Flo.
309 - 1 = 308 livres dans ma PAL ...
Cher Stefan Zweig,
Me permettez-vous de vous appeler par votre prénom et votre nom, et non par ce terme usuel et impersonnel de Monsieur, parce que je vous connais un peu et vous admire tant. Je sais vos grandes qualités d'écrivain, d'homme, d'humaniste soucieux de votre prochain et de l'avenir d'un monde qui a sombré - peu à peu - dans le chaos, au point de vous engloutir avec lui. Je vous écris cette longue missive parce que j'ai lu avec attention et concentration votre magnifique "Monde d'hier", que j'ai plongé avec délice, bonheur et nostalgie dans une époque et dans une région d'Europe chère à mon cœur.
Avec toujours autant d'humilité, de simplicité et de sensibilité propres à votre écriture, vous nous racontez votre famille. Celle de votre père, viennois et originaire de Moravie dans ce qui fût - avant 1914 - l'empire austro-hongrois. Ce père qui a fait fortune dans l'industrie et le commerce des tissus, sorti des ghettos d'Europe centrale, érudit, cultivé, raffiné et réservé, a toujours refusé les charges honorifiques. "Quoi qu'il fût infiniment supérieur à la plupart de ses collègues par son maintien, ses qualités sociales et sa culture - il jouait excellemment du piano, écrivait avec élégance et clarté, parlait le français et l'anglais -, il se déroba aux distinctions et aux charges honorifiques et, de sa vie, ne sollicita ou n'accepta aucun titre ni aucune dignité, bien qu'en sa qualité de gros industriel on lui en offrît bien souvent. N'avoir jamais rien demandé, n'avait jamais dû dire "s'il vous plait" ou "merci", cette secrète fierté lui était plus chère que tout signe extérieur de distinction". En cela aussi, vous êtes son digne descendant, vous qui avez cultivé l'élégance et la discrétion jusque dans vos œuvres. Par votre mère, vous voilà avec un soupçon de sang italien. Sa famille a essaimé partout dans le monde à la manière des Rothschild ou des Camondo. Comme eux, elle descend d'une lignée de patriciens, de banquiers et ne se sentait aucun lien ni attache avec l'orthodoxie juive. Elle en tirait une sorte de fierté qui, parfois vous amusait, souvent vous exaspérait.
Vous avez été élevé à Vienne, capitale de cet immense empire s'étendant jusqu'aux confins de l'Europe et où il faisait si bon vivre. Vienne, épicentre culturel et intellectuel de votre vie, ville deux fois millénaire, cité du théâtre et de la grande musique accessible à tous, qui a rassemblé en son sein tant d'écrivains, d'artistes, de musiciens prestigieux. Vienne, à la confluence de toutes les nations de son empire, dont le cœur était le château des Habsbourg. "Le Château était au centre de ce qui, dans la monarchie, transcendait les limites des nationalités. Autour de ce château, les palais de la haute aristocratie autrichienne, polonaise, tchèque, hongroise formaient en quelque sorte la seconde enceinte. Venait ensuite la "bonne société" que constituaient la petite noblesse, les hauts fonctionnaires, les représentants de l'industrie et les "vieilles familles" ; enfin, au-dessous, la petite bourgeoisie et le prolétariat". Vienne, ville d'art grâce à cette grande bourgeoisie juive qui allait permettre d'étendre le rayonnement de votre capitale partout en Europe par la constitution de grandes collections privées et de mécénat. Par leur intégration et leur désir d'assimilation, la communauté juive d'Autriche allait donner d'éminents artistes, universellement reconnus pour leur talent : Gustav Mahler, Schoenberg pour la musique ; Hoffmannstal, Schnitzler, Altenberg pour la littérature et la poésie, Max Reinhardt pour le théâtre, Freud pour la psychanalyse, sans vous oublier, vous, Stefan Zweig.
Quoi que votre enfance ait été belle, vous avez eu du mal à supporter l'austérité d'un enseignement strict et ennuyeux. Le jour où vous avez quitté cet endroit malodorant, sinistre et morne aura été un de vos plus beaux souvenirs. De cette période, vous avez conservé le goût, la passion de la liberté et une haine pour l'autoritarisme et le doctrinaire. Inconsciemment, vous prépariez votre personnalité à ce devenir fait de voyages et d'errance. C'est toujours au lycée que vous vous êtes épris d'art et de culture. Quoi de plus naturel, au vu de votre milieu social et de votre ville d'origine. Très tôt, donc, le théâtre, la littérature, les concerts de musique classique et la poésie empliront votre quotidien, orienteront votre avenir. Vous cachiez les poèmes du jeune Rilke dans les couvertures de vos cahiers de lycéens. Le plaisir du risque était plus fort que tout. "Nous fourrions notre nez partout avec une avide curiosité. Nous nous glissions aux répétitions de la Philharmonique, nous furetions chez les bouquinistes, nous inspections chaque jour les vitrines des libraires afin de savoir aussitôt ce qui avait paru la veille. Et avant tout, nous lisions, nous lisions tout ce qui nous tombait entre les mains. Nous empruntions des livres dans les bibliothèques publiques, nous nous prêtions mutuellement tout ce que nous dénichions. Mais le meilleur endroit pour nous instruire de toutes les nouveautés restait le café".
Vous sentiez un vent nouveau venir. Cette jeunesse pleine d'espoir et talentueuse poussait déjà les anciens vers la sortie, en douceur, en ce début de 20ème Siècle pleins d'aspirations de toutes sortes. Arthur Schnitzler formera le mouvement culturel "Jeune Vienne" avec Hermann Bahr, Richar Beer-Hofmann, Peter Altenberg. Mais celui qui vous fascinait tous était Hugo Von Hofmannsthal, bien plus précoce, bien plus brillant que Rainer Maria Rilke. Cela a donne à votre groupe de lycéens l'envie de vous lancer dans le théâtre, la musique, la littérature. Certains seront même publiés dans des revues d'avant-garde. Pour vous, ce seront deux des plus remarquables, Die Gesellschaft et Die Zukunft. Malgré votre jeune âge, vous avez préféré les joutes intellectuelles aux combats sportifs, les découvertes intellectuelles aux promenades campagnardes des environs de Vienne pourtant si promptes au repos et à l'apaisement, les discussions subtiles aux conversations oiseuses avec des jeunes filles.
Mais la naissance de ce nouveau siècle verra aussi d'autres libérations, moins spirituelles et plus sociales. Vous découvrirez le socialisme du Dr. Victor Adler militant pour une démocratie vraie et non limitée aux seules classes bourgeoise et aristocratiques, ouvertement prolétarienne et qui effrayait la bonne société viennoise. "Les socialistes ! Ce mot avait alors en Allemagne et en Autriche un arrière-goût de sang et de terreur, comme autrefois le mot jacobins et depuis le mot bolchevistes. Au premier instant, on ne pouvait croire possible que cette tourbe rouge des faubourgs défilât sans mettre le feu aux maisons, piller les magasins et commettre toutes les violences imaginables. Une sorte de panique gagna de proche en proche". Un contre-courant allait apparaître - le parti chrétien social - petit bourgeois et ouvertement antisémite du Dr. Karl Lueger. Vous ne le savez pas encore, mais il allait servir de marche-pied au national-socialisme en Autriche trente ans plus tard. Que cet antisémitisme paraîtrait bien timoré face à celui, vociférant, haineux, hargneux, violent, terrifiant, des nationaux-socialistes autrichiens dans quelques années !
Avant le désespoir d'une situation sans issue, vous voilà étudiant à l'université. Vous choisissez la philosophie en humaniste que vous êtes et serez toujours. Les corporations étudiantes se battant en duel et tirant fierté de leurs balafres sur le visage comme autant de marques de virilité vous gênent. Non, ce qui vous passionne, c'est la poésie. Quelle joie lorsque vos premiers poèmes sont publiés et que vous recevez les encouragements de Rilke. Le compositeur Max Riger - l'égal de Richard Strauss - mettra en musique six de vos poèmes. La gloire frappe à votre porte. Vous avez à peine dix-neuf ans. Ce premier recueil sera publié à la Neue Frei Press, dont le rédacteur n'est autre qu'un certain Théodore Herzl. Celui-ci vous exhortera à voyager, à découvrir d'autres horizons, à vous ouvrir à d'autres cultures afin de mieux ressentir les différents mouvements littéraires. Votre premier séjour sera Berlin. Ce court déplacement en Allemagne sera une parenthèse d'intense liberté où vous fréquenterez la bohème berlinoise mêlant aristocrates, bourgeois, prolétaires, homosexuels, morphinomanes, repris de justice, êtres jugés amoraux par votre milieu et dont vous recherchez la présence tout au long de votre existence. Après Berlin, ce sera la Belgique et la rencontre avec celui qui deviendra un de vos intimes, le poète Emile Verhaeren." Ainsi il se tenait en chair et en os devant le jeune homme que j'étais, lui, le poète, tel que je l'avais souhaité, tel que je l'avais rêvé. Et dès cette première heure de contact personnel, ma résolution était prise : servir cet homme et son œuvre". Puis, ce sera Paris, ville qui vous a émerveillé pour son vent de liberté apparente. Vous en aviez sans doute une image édulcorée et romantique, mais qu'importe, elle vous a emballé, emporté, vous l'avez sublimée. C'est toujours à Paris que vous rencontrerez Rilke qui vous avait encouragé à persévérer dans la poésie. Homme discret, Paris ne savait encore rien de son talent. Il était - comme vous - un inconnu dans la capitale et cela vous convenez à tous deux. De votre rencontre avec Rodin, vous aurez appris "[...] la concentration, le rassemblement de toutes les forces, de tous les sens, la faculté abstraite de soi-même, de s'abstraire du monde, qui est le propre de tous les artistes".
En plus de l'art, vous vous lierez avec des hommes politiques brillants de votre époque, particulièrement Walter Rathenau, qui vous a ébloui par son envergure politique et intellectuelle, son dualisme, sa volonté de tout faire, tout tenter pour sauver l'Europe. C'est Rathenau qui vous incitera à visiter l'Inde et les États-Unis afin de mieux comprendre le vieux continent. Petit à petit, ce siècle naissant apportait le confort matériel et spirituel, l'assurance, la quiétude, l'ouverture à d'autres horizons pour tout le monde. Chacun pouvait enfin voyager, se cultiver, aller au théâtre, au cinéma débutant. Tout se démocratisait. Les femmes se libéraient de leurs entraves corsetées et voilées ; les hommes voulaient rajeunir. La vie était belle pour tous. Les conditions de travail s'amélioraient pour les ouvriers et les employées. Vous vous sentiez profondément européen, et persuadé - avec vos amis poètes, écrivains, artistes -, que la guerre ne s'imposerait jamais, que les hommes se lèveraient pour refuser cette ignominie. Vous aviez foi en Jaurès et en son International Socialiste et pacifiste. Cette situation entre ombre et lumière, espoir et angoisse, optimisme et pessimisme vous permettra de faire une autre rencontre, tout aussi décisive pour vous, celle de Romain Rolland. Surtout, l'été 1914 était splendide, chaud, ensoleillé. Vous deviez rejoindre Verhaeren en Belgique. Les batailles diplomatiques autour de l'archiduc François-Ferdinand vous inquiétaient bien un peu. Mais sans plus. Beaucoup de bruits pour rien ! Hélas, vous alliez faire l'amère expérience de la guerre, de la haine, de la fureur. Par deux fois, vous connaîtrez cette ferveur populaire qui mène au fanatisme, à la rage de combattre l'autre sans savoir, à la hargne de piétiner la culture, l'histoire, la vie sans la moindre concession à attendre. Vous refuserez toujours de cautionner de tels comportements. Au contraire, le Berliner Tageblatt publiera votre article, " A mes amis étrangers", pour leur prouver - si besoin en était - votre amitié fidèle et inébranlable, votre foi en la paix et la construction d'une culture européenne. "La plupart de nos anciennes relations s'étaient rompues par la faute de l'aveuglement patriotiques de nos camarades d'antan. Nous avions besoin d'amis nouveaux, et comme nous étions sur le même front, dans les mêmes tranchées spirituelles, luttant contre le même ennemi, il se forma spontanément entre nous une sorte de camaraderie passionnée [...]".
Le retour dans l'Autriche de cet entre-deux guerres vous désespérera. Qu'ont-ils fait de votre bel empire, si paisible ? Ils l'ont réduits à néant. Un état minuscule, dépouillé, amoindri moralement et économiquement. Cela vous désolera. Cependant, dans tout négatif, il y a toujours une part de positif. La société autrichienne voudra oublier, rayer, enfouir ces quatre années d'horreur pour vivre, vivre intensément, se dépouiller des oripeaux du passé, de tout ce qui corsetait, enfermait, vrillait la société, bridait l'esprit. L'art allait évoluer vers de nouvelles formes. Plus de liberté, plus d'audace ! On dépoussière les traditions, l'ordre des choses est bouleversé. On bouscule les modes de penser, d'être, de vivre. "Une époque d'extase enthousiaste et de fumisterie confuse, mélange unique d'impatience et de fanatisme. Tout ce qui était extravagant et contrôlable connaissait un âge d'or : la théosophie, l'occultisme, le spiritisme, le somnambulisme, l'anthroposophie, la chiromancie, la graphologie, le yoga indou et la mysticisme paracelsien. On s'arrachait tout ce qui promettait des états d'une intensité dépassant ce qu'on avait connu jusque-là, toute espèce de stupéfiants, la morphine, la cocaïne et l'héroïne ; au théâtre, l'inceste et le parricide, dans la politique, le communisme et le fascisme étaient les seuls thèmes, extrêmes, qu'on accueillît favorablement : en revanche, on proscrivait sans appel toute forme de normalité et de mesure".
Mais très vite, de sombres et inquiétants nuages vont plomber votre ciel serein. D'abord l'Italie mussolinienne avec ses Chemises noires vous angoisseront. Puis, ce sera au tour de l'Allemagne d'être viciée par cette atmosphère délétère et nauséabonde avec la montée du national-socialisme. Cet entre-deux guerres qui verra la firmament de votre reconnaissance partout en Europe quoi que vous publiiez, sera bientôt annihilé par les forces fascistes qui pratiqueront la censure et les autodafés d'auteurs jugés indignes, dégénérés. Par votre religion et votre pacifisme, vous ne serez pas épargné. Ils vous pousseront à l'exil. Ils vous rendront la vie impossible et désespérante au point de préférer une mort digne et consentie à une errance contrainte et humiliante. En vous suicidant le 22 février 1942, vous laisserez un vide difficile à combler dans le monde littéraire qui se sentira désemparé, orphelin, désolé, perdu. Il faudra attendre trois ans pour que le monde vous redécouvre et vous rende votre dignité perdue en faisant de vous l'un des auteurs de langue allemande les plus appréciés et les plus connus de votre génération.
"Le Monde d'hier" de Stefan Zweig est un (re)lecture commune avec Karine:) et Flo.
309 - 1 = 308 livres dans ma PAL ...
29 commentaires:
Quel plaisir de lire ce billet si riche, c'est de loin ce que je préfère chez Stephan Zweig, non que je n'aime pas le romancier mais son monde d'hier est magnifique
La richesse de ses relations avec les meilleurs écrivains de l'époque, ses convictions
On le lit avec passion et beaucoup d'émotion
Un petit certificat pour toi sur mon blog !
Je rev iendrais plus tard pour lire ton (long) billet...
Quel billet! J'adore et j'y retrouve tout l'esprit de ce livre que j'ai aussi adoré!!!
je n'ai lu que quelques romans, mais je sens que tout est à découvrir avec cet auteur!
Bravo pour ce magnifique billet. Je ne connais pas ce livre-ci, je le note bien vite. C'est une génération d'artistes qui a été durement éprouvée et qui a vu tous ses idéaux s'effondrer.
Eh bien, super billet ! :-o
Repéré déjà chez Karine, Caroline parle aussi de Zweig aujourd'hui ... c'est un auteur dont personne ne se lasse ! ;)
Zweig, un auteur qui m'enchante à chaque fois! Je ne connaissais pas cette oeuvre-là.
Quel billet magnifique! Une vie si riche et puis cette mort si tragique!
@ Dominique : Merci pour ce compliment qui me fait chaud au cœur ! C'est, avec "Le joueur d'échecs", le livre que je préfère parmi l'immense œuvre de Zweig ... Son "Monde d'hier" est absolument remarquable pour qui veut approcher cette génération d'artistes dans un monde aujourd'hui englouti. Il y a mis toute sa sensibilité et son romantisme, sa foi en l'homme et en la paix. Dans cet essai, Zweig se dévoile comme jamais il ne l'a fait auparavant !
@ L'or des Chambres : Merci pour le certificat ... Je vais passer voir cela ! Prends ton temps pour lire ma (trop) longue prose ;-D
@ Karine:) : Il faut que j'aille lire ton billet sur cette lecture commune ... J'ai été encore sous le charme de cet essai biographique, social, historique que j'ai dû lire au moins 5 ou 6 fois depuis mon adolescence ! C'est une source inépuisable sur l'Autriche, Vienne, l'art, la politique, la société et sa vie au milieu de tout cela ... Une lecture marquante et incontournable !
@ Keisha : Je te rassure de suite concernant Zweig, il n'y a rien à jeter dans son œuvre ! Que tu lises les romans, nouvelles, biographies, essais, tout est bon, voire excellent chez lui ... Ce n'est pas un hasard s'il me passionne autant, avec Klaus Mann. Les deux sont à découvrir et à lire absolument !
@ Aifelle : S'il y a un essai de Zweig à lire, c'est celui-ci ! Il se raconte et au travers de lui, il nous parle de la société allemande et autrichienne, des artistes qui ont vécu des instants très difficiles, parce que souvent de confession juive ou pacifistes ... Je suis sûre que tu tomberas sous le charme du "Monde d'hier" !
@ Leiloona : Il faut absolument que j'aille lire ces deux billets très vite ! Personnellement, je ne me lasse jamais de cet éminent auteur autrichien qui aimait tant son pays et qui l'a renié pendant la guerre ... Le "Monde d'hier" est une merveille, un joyau de son œuvre ! Tout est dit.
@ Kali : Je crois que Zweig ravit tous les lecteurs et lectrices. Je n'en n'ai pas connu qui ne soient pas tombés sous son charme ... Cette œuvre n'est pas très souvent lue, ni étudiée, car elle parle de la société autrichienne et d'artistes peu connus en France par la majorité ! Mais, il est à découvrir absolument.
@ Mango : Merci pour ce compliment concernant ce billet que j'ai voulu comme un éloge posthume à un auteur que je vénère ... Une vie si riche, intense et foisonnante pour une fin aussi tragique. Cela a été un immense gâchis que son suicide pour la littérature !
J'arrive ici de chez Karine, très joli billet!
(et rapport au blog-it: des moments affreux en perspective, mais aussi de très grandes joies, la joie d'aller mieux, la joie d'arrêter les médicaments, la joie de comprendre ce qui s'est passé, ce qui se passe, la joie de savoir enfin pourquoi, et surtout de se savoir capable de ne plus jamais y revenir. Plus ou moins long, plus ou moins dur, on n'est pas tous pareil. Mais on y arrivera!)
Je viens de le commander comme je l'ai dit chez Karine. J'aime Zweig et j'ai envie de découvrir le monde germanique davantage. Ton billet est impressionnant, comme d'habitude. J'aimerais parler aussi bien des auteurs que j'aime.
@ Mo : Merci pour le compliment et bienvenue sur ce modeste lieu de culture ... Pour le reste, ce sont des instants très difficiles à vivre, très longs à soigner, très douloureux psychiquement et physiquement parfois aussi ! Je ne sais pour toi, mais pour ce qui me concerne, c'est un traitement à vie pour stabiliser l'humeur et une analyse approfondie pour comprendre l'origine de ces souffrances psychiques. Ce toute façon, ce sera très long et très lent !
@ Isiah Goods : Many thanks for your encouragement ! And welcome to my website ...
@ Lilly : Quelle découverte tu vas faire avec ce "Monde d'hier" de Zweig ! Quels instants de pur bonheur littéraire tu vas vivre en lisant cet essai merveilleux, riche, dense, intense ... Je suis sûre que tu sauras très bien parler de cet ouvrage et de cet auteur, parce que tu vas l'aimer ! Tout le monde aime Stefan Zweig ... Il me tarde de lire ton billet sur ce livre et sur d'autres auteurs de langue allemande.
Mais qui ne l'aime pas ce Zweig ? J'ai encore plein de titres à lire et celui-ci dont je ne connaissais pas l'existence !!
Quelle idée riche et originale que tu as eue pour exprimer ton ressenti. Je compte bientôt relire Zweig.
Zweig est toujours dans mes listes, mais je n'ai pas lu celui-ci.
Une vague Zweigienne déferle sur la blogo... Je ne sais pas comment mais j'ai réussi à ne jamais le découvrir durant mes études littéraires... Il va falloir que je répare cette lacune.
je vais participer au Bébé challenge de Caro et Karine, je vais enfin lire cet ouvrage de Zweig dans ma PAL depuis des lustres...et retrouver une page de l'histoire qui m'a toujours passionnée!
@ Antigone : Honnêtement, je n'ai jamais rencontré personne qui n'ait pas aimé Zweig, quelque soit l'ouvrage lu ! On a tous encore pleins de livres à découvrir de cet auteur, tant il a écrit de romans, d'essais, de correspondances, de biographies, de nouvelles et de poèmes ... "Le Monde d'hier" est un essai sur sa vie et sur l'Europe à l'aube du 20ème Siècle, sur ses pensées humanistes et politiques. C'est un des chefs d'œuvre de Zweig !
@ Manu : Cela a été ma façon de rendre un hommage appuyé à un des auteurs que j'admire le plus parmi les grands classiques ... Je lui ai presque écrit une lettre d'amour littéraire ;-D Mais il faut le lire et le relire pour le plaisir de son écriture !
@ Yv : Il doit absolument sortir de ta liste poussiéreuse pour le mettre en lumière et tu découvriras un auteur d'une qualité littéraire rare ! Si je me trompe, je suis prête à manger mon chapeau ...
@ Constance : Après une vague austienne, qui continue sur la blogosphère, il y a - enfin - une déferlante Zweigienne grâce à Caro et Karine:) ! Tu peux t'inscrire à leur Bébé challenge qui consiste à lire deux livres de cet auteur magnifique et l'occasion de réparer cette lacune ... Je te préviens que tu risques de tomber sous le charme !
@ Choupy : Je me suis aussi inscrite à leur challenge parce que je sais que je vais lire d'autres ouvrages de Zweig ! J'en ai plein dans ma PAL ... Et "Le Monde d'hier" est l'un de ses chefs d'œuvre avec "Le joueur d'échecs". Et l'histoire vue par Zweig est toujours empreinte de poésie !
Bon sang, j'ai bien cru à une adaptation de "Lettre d'une inconnue" façon Nanne ;)
Quel bel hommage!
J'ai fini "La Confusion des sentiments" hier soir et j'en ai encore d'autres à découvrir.
A force de le lire avec plaisir, je pense que je finirai par lire toute son oeuvre!
@ Cynthia : Alors là, c'est un sacré compliment que tu me fais, et un honneur pour moi ... Que veux-tu, j'aime Stefan Zweig depuis mon adolescence ! J'espère que "La confusion des sentiments" n'est que le premier ouvrage de Zweig dans une immense liste et que tu liras au moins les plus conséquents. Son œuvre est tellement dense et riche, qu'elle paraît infinie !
Quel beau billet Nanne et si riche! Et comme toujours, tu donnes envie de lire.
@ Alicia : Merci pour ces compliments qui me touchent toujours autant et me font rougir ! Il faut que tu lises ce merveilleux "Monde d'hier" de Stefan Zweig si tu ne le connais pas encore ... Cet essai est l'un de ses plus beaux livres avec "Le joueur d'échecs". Mais tout est bon chez Zweig, je te rassure ...
Encore un billet riche et très intéressant !
J'adore Zweig, d'ailleurs, je viens d'enrichir ma PAL de 3 de ses oeuvres : "La confusion des sentiments", "Vingt-quatre haures de la vie d'une femme" et "Le joueur d'échecs"... ;-)
HS : Je n'ai pas encore trouvé le temps de te renvoyer ton livre et j'en suis désolée. Promis, il part cette semaine... ;-)
@ Lounima : Merci beaucoup, mais devant tous ces compliments, je me sens désarmée ! Tu as fait de bon choix en enrichissant ta PAL de ces trois chefs d'œuvre de Zweig ... Personnellement, je préfère "Le joueur d'échecs", que je considère comme l'un de ses meilleurs romans. Pour "L'été chagrin", je ne m'inquiète absolument pas. Prends ton temps pour me le renvoyer !
C'est un livre profondément touchant, bouleversant, un témoignage très fort qui plonge le lecteur entièrement dans l'ambiance de l'époque. Il peint une fresque de sa génération. Les anecdotes sont nombreuses et apportent au récit beaucoup de réalisme. Il décrit les réseaux d'amitié qu'il a développés à travers toute l'Europe. Zweig rend hommage à tous les intellectuels plus ou moins célèbres qui ont marqué son oeuvre et son parcours, Rilke, Romain Rolland, Freud, Jules Romains, Tolstoï, Strauss. Biographe, il dresse d'eux un fidèle portrait. C'est un livre très riche et très enrichissant, absolument incontournable, expression de son humanisme, de son ouverture d'esprit, de son engagement pour l'Europe et le pacifisme, de sa passion pour les lettres et les arts.
@ Bénédicte : En lisant ton commentaire j'ai eu l'impression que tu avais aussi lu mes pensées sur cette autobiographie de Stefan Zweig ! Pour moi, c'est l'un de ses meilleurs ouvrages avec "Le joueur d'échecs". Même si rien n'est à rejeter dans son œuvre ... Mais pour réellement comprendre le début du 20ème Siècle intellectuel, artistique, politique, social, "Le Monde d'hier" est LE roman à lire absolument.
et son livre Clarissa qui dépeint la situation des femmes au début du 20èsiècle doit très utilement compléter la lecture des premiers chapitres du "Monde d'hier" Je le lirai sûrement
@ Bénédicte : "Clarissa" fait partie des quelques ouvrages de Zweig que je n'ai pas encore lus ! Mais il doit certainement compléter cette peinture du début du 20ème Siècle si bien décrite dans "Le Monde d'hier" ... Je le lirai sans aucun doute moi aussi.
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