28 juillet 2010

UNE AUTRE PERCEPTION DE HOLLYWOOD


« En haut, je me suis assis sur un banc constitué d'un tronc coupé en deux pour ensuite balayer la métropole d'un regard panoramique. Sur ma gauche, les majestueuses montagnes de San Gabriel qui, d'ici à un mois ou deux, se couvriraient de neige. Sur ma droit, l'interminable chaîne des montagnes de Santa Monica, qui s'abaissent doucement jusqu'aux collines de Hollywood, en forment le dernier maillon. Derrière moi, la vallée de San Fernando, océan de verdure plat parsemé de pavillons. Et devant moi, s'étirant du pied des collines jusqu'à l'océan, Los Angeles proprement dite. Les quelques rares gratte-ciel de downtown se dressaient en un groupe compact sur la gauche, cependant que, sur la droite, l'océan dessinait une belle bordure bleue miroitante. Et entre les deux, un immense tableau vivant d'humanité. Il est aisé de repérer Wilshire Boulevard, qui se distingue par un alignement régulier de buildings venant fendre le paysage en son centre. Hancock Park est également reconnaissable – pas par ses luxueuses et exquises demeures, qui sont trop loin pour qu'on puisse les apercevoir, mais par sa végétation luxuriante, entretenue à coup d'eau acheminée depuis l'intérieur des terres et de jardiniers à l'année, la marque de tous les quartiers riches de Los Angeles. On aperçoit l'arrière des arches du Grauman's Chinese Theater et, au-dessus de celles-ci, perché dans les collines, le lac de Hollywood.

De nombreux matins, installé sur ce même banc, j'ai regardé le soleil se lever par-dessus les montagnes de San Gabriel, et de nombreux soirs je l'ai regardé s'abîmer dans l'océan. Je me suis trouvé là quand les enseignes de néon qui couronnent le DuBarry et l'Argyle s'éclairaient dès le premier soupçon d'obscurité. Je me suis encore trouvé là les soirées de premières, quand la lumières des projecteurs jaillissait de Hollywood Boulevard pour lancer dans le ciel des faisceaux semblables à des épées qui se croisent. Les premiers temps où j'avais entrepris cette balade, dans les années vingt, le paysage présentait une mosaïque de champs d'orge, d'orangeraies et d'arbres, uniquement interrompue par quelques immeubles de bureaux et de petits groupes de maisons éparpillés de-ci, de-là, sans oublier, bien sûr, les studios, dont l'enceinte abritait un univers autonome et quasi auto-suffisant. Les collines verdoyantes offraient une nature vierge, presque totalement dépourvue de structures, et des kilomètres de sentiers équestres sinueux cheminaient dans le maquis. Ce nouveau lieu, ouvert et bucolique, a depuis longtemps disparu, maintenant. J'ai vu cette ville grandir et, de terre agricole, se muer en une métropole grouillante d'activité ».


Extrait – "Si loin de vous" – Nina Revoyr

4 commentaires:

loulou a dit…

C'est une très belle photo qui nous plonge dans cet extrait:)!

In Cold Blog a dit…

Rhaaaaaaaa, ça me replonge d'emblée dans l'ambiance de roman qui a été pour moi une vraie celle surprise.

Dominique a dit…

Aurais tu passé des vacances hollywodiennes ? j'attends la suite avec impatience

Nanne a dit…

@ Loulou : C'est un endroit mythique qui continue de faire rêver ... Je t'envoie le roman très vite pour que tu puisses l'apprécier à sa juste valeur !

@ In Cold Blog : C'est un passage d'une grande beauté et très nostalgique de ce qu'a représenté Hollywood ...

@ Dominique : Hélas, non ... Mais je compte bien visiter la côte Ouest des États-Unis, particulièrement San Francisco !