27 janvier 2011

CITATION DU JEUDI SE POURSUIT !


« Pendant les années passées à préparer ce livre, je me suis souvent interrogé sur les difficultés que présente la compréhension de New York, et je suis parvenu à la conclusion que la raison principale tient au pouvoir symbolique que la ville a lentement acquis au cours des quatre siècles de son histoire et à la fascination qu'elle en est venue à exercer à travers le monde.

Car New York fascine : son énergie, ses hiéroglyphes que tracent ses tours et ses canyons à la surface de Manhattan, les cris et les bruits qui résonnent de la Batterie aux hauteurs de Harlem, son mouvement incessant qui anime la métropole tout entière en violentes contractions. Kaléidoscope infini d'images et de sensations, New York laisse songeur. C'est aussi une ville d'extrêmes – le tourbillon que décrit l'un le délire que diagnostique l'autre, la proclamation à la face du monde d'une modernité affirmée comme triomphante. New York n'est pas l'Amérique : elle en est une potentialité, la plus intense peut-être ».


« L'avenue du milieu, la Fifth Avenue, sert d'épine dorsale à cette sole gigantesque. D'un côté, c'est « west », de l'autre, c'est « east ». La première rue commence au sud, côté océan, la dernière est au nord, côté continent. Tout est réglé désormais » (Le Corbusier – 1930)


« Je n'ai jamais vu la baie de Naples, et par conséquent je ne puis faire de comparaison ; mais mon imagination ne saurait concevoir rien de plus beau en ce genre que le havre de New York. Les objets qui s'offrent à la vue de tous côtés sont aussi beaux que variés ; mais en les désignant on ne ferait qu'écrire une nomenclature de mots, sans donner la plus légère idée de cette scène. Je doute même que le pinceau de Turner pût y rendre justice, et la peindre avec la gloire et l'éclat qu'elle présentait à nos yeux. Nous semblions entrer dans le havre de New York sur des flots d'or liquide, et comme nous passions rapidement devant les îles couvertes de verdure qui s'élèvent de leur sein, comme des sentinelles gardant cette belle cité, le soleil couchant lançait à chaque instant ses rayons horizontaux de plus loin en plus loin, comme pour nous montrer quelque nouveau point du brillant paysage. Dans le fait, New York nous parut, même quand nous la vîmes sous un jour moins brillant, une belle et noble ville. […] Nul autre lieu ne jouit peut-être des mêmes avantages de situation. Placée sur une île qu'elle couvrira, je crois, un jour tout entière, elle s'élève, comme Venise, du sein de la mer, et comme cette reine des cités, dans les temps de sa gloire, elle reçoit le tribut de toutes les richesses de la terre ».

«C'est une torche, un phare, dont la flamme éclaire

Des hautes cités jumelles le port jeté dans l'air.

Dans ces yeux brille la promesse d'un destin.

Ses lèvres silencieuses hurlent dans le vent :

« Gardez, vieux pays, vos pompes, vos trésors !

A moi vos masses blotties ! L'air libre les attend !

Jetés par l'ouragan, elle arrive à bon port,

L'ordure misérable de vos rivages grouillants.

J'ai hissé mon fanal devant la porte d'or ».


« Dans l'immédiat, la haute torche de la Liberté ne proclame pas seulement au monde la générosité de l'hospitalité américaine, elle éclaire le spectacle de la puissance économique de New York, la vision de son entreprise commerciale, financière et industrielle sur le continent nord-américain et sur un avant-pays toujours plus vaste. La statue tourne le dos à la ville, pour mieux regarder vers le large ».


« Confondant leurs idiomes et leurs caractères originaux, se coudoient toutes les races du monde ; des Italiens et des Irlandais, des Espagnols et des Suédois, de maigres Égyptiens près de lourds Allemands, des enfants de moujiks se roulant dans la boue avec de petits nègres, des femmes venue des pays du soleil, enveloppées de loques de couleurs éclatantes, bleues, rouges, jaunes, vertes, causent sur les portes de boutiques que tiennent de noirs juifs hollandais ».


« Havre mythique de la liberté, porte de l'Amérique, banquière du continent, mosaïque de cultures, symbole des succès d'une superpuissance et des tensions qui la déchirent, New York est d'abord fille du capitalisme. Tôt devenue un paradis du commerce, elle vit au rythme de ses docks, de ses ateliers, de ses bureaux, et son dynamisme en fait la rivale de Londres dans la domination de l'économie mondiale. La métropole des rives de l'Hudson ne cesse de changer d'échelle. Les premiers gratte-ciel s'élèvent près de Wall Street à la fin du XIXe siècle, et la population double entre 1900 et 1940. Little Italy, le quartier juif du Lower East Side, Harlem : New York est en même temps une seconde Babel et Métropolis. Sa modernité ne tient pas seulement à ses paysages urbains, féeriques selon les uns, dantesques selon d'autres ; elle repose sur sa capacité à surmonter ses contradictions et à innover. Capitale de l'information, c'est elle qui invente l'industrie des loisirs, les théâtres de Broadway et les parcs d'attraction de Coney Island. Au cœur de l'avant-garde, haut lieu du jazz et des débats d'idées, elle accueille artistes et intellectuels du monde entier qui renforcent son magnétisme. Aujourd'hui centre de la culture planétaire et paradigme du rêve américain, elle continue à attirer de nouveaux immigrants. " New York n'est pas une ville finie, écrivait Le Corbusier, c'est une ville en devenir ».


Histoire de New York – François Weil – Fayard Editions

2 commentaires:

Valérie:) a dit…

cette ville est un rêve...
autrement, heureuse de te savoir heureuse ;)

Nanne a dit…

@ Valérie:) : Cette ville est un vrai concentré de rêves éveillés ... De quoi être sous son charme fascinant et empoisonnant une fois qu'on l'a visitée ! Merci pour tout ;-D