"Extrait – Retour à Weimar – Anne-Marie Hirsch "
"Keyserling ouvrait d’étonnantes perspectives. Oui, affirmait-il, les Allemands sont un peuple introverti, de caractère féminin, marqué par le besoin primordiale de soumission, l’accent mis sur le ErLeben, la vie comme expérience intérieure … L’Allemand est tourné vers son moi. Et l’idée du peuple « troupeau » n’est qu’une apparence. L’Allemand est individualiste. Il cherche à admirer l’unique, le reflet de son idéal personnel dans un chef, un être d’exception …
Il est orienté vers « les choses de l’esprit », et s’imagine volontiers investi d’une mission. Mais la recherche lui importe davantage que les résultats pratiques … Chez lui, tout reste problématique. Il n’y a pas de clarté finale.
Pour Goethe, type même de l’Allemand, être homme signifie être insuffisant. Meurs et deviens, efforce-toi de progresser, de réunir dans une synthèse ta vie subjective et tes connaissances objectives …"
optimiste, de ma mère, n’étaient-ils pas comme le revers et l’avers de l’âme allemande ? Ne pouvait-on retrouver, dans ce contraste, la complémentarité et la dissemblance du Nord et du Sud de l’Allemagne ? Je me fais cette réflexion : que la lumière pâle et tamisée du Nord, qui crée des contours incertains, ne suscite chez les gens de ces contrées qu’une tendance au doute, à l’introspection, à l’éternelle interrogation : La lumière du Sud, par contre, nette et tranchante, accusant les lignes, les paysages, les silhouettes, éveillerait-elle une tendance à la spiritualité claire, affirmative et rationnelle ? Mais non ! Fallait-il être du Nord pour aimer Brahms ? Fallait-il être du Sud pour faire de Vivaldi son musicien de prédilection ? Cependant, cet argument ne valait rien ! La musique dépasse les nationalités, les frontières ! Je tournais et retournais ces pensées dans ma tête, en fille de Prussien, je m’obstinais, et je n’aboutissais nulle part …"
Il est orienté vers « les choses de l’esprit », et s’imagine volontiers investi d’une mission. Mais la recherche lui importe davantage que les résultats pratiques … Chez lui, tout reste problématique. Il n’y a pas de clarté finale.
Pour Goethe, type même de l’Allemand, être homme signifie être insuffisant. Meurs et deviens, efforce-toi de progresser, de réunir dans une synthèse ta vie subjective et tes connaissances objectives …"
optimiste, de ma mère, n’étaient-ils pas comme le revers et l’avers de l’âme allemande ? Ne pouvait-on retrouver, dans ce contraste, la complémentarité et la dissemblance du Nord et du Sud de l’Allemagne ? Je me fais cette réflexion : que la lumière pâle et tamisée du Nord, qui crée des contours incertains, ne suscite chez les gens de ces contrées qu’une tendance au doute, à l’introspection, à l’éternelle interrogation : La lumière du Sud, par contre, nette et tranchante, accusant les lignes, les paysages, les silhouettes, éveillerait-elle une tendance à la spiritualité claire, affirmative et rationnelle ? Mais non ! Fallait-il être du Nord pour aimer Brahms ? Fallait-il être du Sud pour faire de Vivaldi son musicien de prédilection ? Cependant, cet argument ne valait rien ! La musique dépasse les nationalités, les frontières ! Je tournais et retournais ces pensées dans ma tête, en fille de Prussien, je m’obstinais, et je n’aboutissais nulle part …"
2 commentaires:
intéressant les points de vue divergents sur un même peuple, on s'étonne après d'avoir du mal à nous comprendre !
je ne connais pas AM Hirsh mais Keyserling j'ai lu cela dans mon jeune temps
@ Dominique : J'ai trouvé ces que ces deux extraits donnaient une image un tout petit peu plus claire de ce que sont les Allemands en général, les individus en particulier ... J'ai lu Anne-Marie Hirsch il y a peu de temps et j'ai beaucoup aimé son autobiographie et sa vision de Weimar ! Un livre à découvrir absolument.
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