"Les messes du dimanche, ainsi que les prières quotidiennes, étaient obligatoires. Je ne sais pas si mes cousins, frères et sœurs, s'accommodaient de ce mode de vie. Nous n'en parlions jamais. En tout cas, à moi, il me convenait. Surtout son côté religieux : j'aimais prier. Je me sentais en communions avec une force ancrée tout au fond de moi. Un force ambiguë. Elle m'habitait, je la percevais et pourtant elle était ineffable. Comme si un fil partant de moi me reliait à un inconnu dont dépendait mon existence. Quand j'allais par les sentiers, cette force étrange s'affirmait plus nettement, alors je m'adressais à elle. Parfois elle s'imposait si intensément à moi que je donnais, au regard des autres, l'impression de planer dans les nuages. D'ailleurs ma grand-mère m'a souvent reproché d'être un rêveur. Elle n'était pas la seule. A saint-Paul, maints abbés, pendant l'étude, croyaient m'arracher à une pauvre léthargie quand je m'abandonnais à ce dialogue intérieur. Je n'ai jamais contrôlé cette force. Je la laissais agir à mon gré, et cela me convenait fort bien. C'était un pressentiment profond et précis qui se chargeait de me rappeler qu'il en serait ainsi toute ma vie : "Toute ta vie tu seras confronté à cette chose. Elle te viendra à l'esprit sans rendez-vous. Pour une seconde, une minute ou une heure. Parfois elle te fera peur. Apprends dès à présent à la maîtriser. Vis en bonne entente avec elle car elle contient la lumière de ton existence. Cette lumière, tu ne la percevrais qu'une fois mort". Dans mon raisonnement d'enfant, la lumière en question, c'était Dieu. Je n'avais pas de problème avec Dieu. J'aimais Dieu. Dès l'enfance, j'avais été éduqué pour croire en lui et l'aimer. Mon seul grand souci, c'était la mort. Pourquoi fallait-il payer un si lourd tribut pour voir l'Éternel ?".
2 commentaires:
Quel bel extrait plein d'espérance!
Merci Nanne.
@ Alicia : Merci ! Une petite envie de spiritualité dans un monde de fou ...
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