- Le mur entre nous - Tecia Werbowski (Les Allusifs)
Iréna Golebiowska, juive polonais émigrée au Québec, vit une existence morne et banale. Elle ressasse inlassablement le bonheur passé, celui de son enfance, protégée qu'elle était entre Marysia et Stanislaw Golebiowski - ses parents -, et leurs chiens. Une enfance calme et tellement heureuse qu'Iréna aurait souhaité qu'elle ne s'arrête jamais. A tel point que devenue adulte, elle en est venue à détester les gens heureux. En fait, Iréna est un être difficilement supportable, intolérante, isolée. Car Iréna est seule. Elle vit presque à la limite de la folie. "Qui peut quelque chose pour moi ? Qui veut me donner un conseil ? Qui oserait s'engager et descendre de son indifférence. Si on peut changer d'histoire, au moins embellissons le décor ! Je suis la fragile Schéhérazade sur le divan de son sultan. Si je vous ennuie, il est facile de me décapiter en tournant la page ou en refermant le livre. D'accord ? ...".
Que s'est-il donc passé dans sa vie pour qu'Iréna vive ainsi dans une névrose permanente, pour qu'elle s'enferme dans une ronde infernale faite de haine, de ressentiment, de violence inassouvis ? Cela remonte à ses dix-huit ans. Ce jour-là, Iréna apprend la véritable histoire de sa vie. Sa mère, la vraie - Klara Sternschuss -, l'a confiée à un couple de braves polonais pour la sauver d'un sort connu à l'avance. Car quand on naissait dans le ghetto de Varsovie, les espoirs de survie se réduisaient à peau de chagrin. "Dans sa note, sans doute griffonnée à la hâte au moment de mon départ, ma mère me supplie de lui pardonner de m'abandonner ainsi. Mais elle savait déjà que c'était la meilleure solution".
Mais plus que l'abandon pour son bien, pour lui donner une chance de vivre et de grandir, c'est une femme qui est la cause de sa psychose, à l'origine de son malheur. Zofia Lass. Qu'a donc bien pu faire cette femme, vague tante éloignée ? Elle s'est appropriée l'histoire de sa mère. Elle a osé usurper son talent pour le faire sien et en reccueillir les fruits de la gloire. Zofia Lass a maquillé la réalité. Dès lors, Iréna va chercher à mieux connaître celle qui a dépouillé sa mère par-delà la mort. Zofia Lass deviendra son obsession, sa monomanie. Tous ses faits et gestes, ses moindres paroles, interviewes, apparitions, photos seront collationnées par Iréna dans le seul et unique but de faire rendre à sa mère ce qui lui revenait de fait, le soit-disant best-seller écrit par Zofia Lass, Le mur entre nous. "Le grenier de notre maison fut transformé en salle d'archives sur Zofia Lass, sa vie et sa prétendue oeuvre. Je tenais des classeurs, par pays, par langue. Des pages et des pages d'études, d'extraits de journaux et de magazines. J'ai établi la liste de ses récompenses et d'éloges de personnalités ... Elle a même reçu le Prix Femina à Paris !". Cette quête effrénée de la part d'Iréna n'a qu'un seul dessein, celui de se débarrasser de son passé qui lui pèse comme un fardeau et l'empêche de vivre. Elle veut se dépouiller de ses oripeaux pour renaître et aspirer - enfin -, à une nouvelle existence.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que "Le mur entre nous" de Tecia Werbowski est un roman court, dense et puissant. Écrit sur un ton acerbe où pointe l'aigreur et l'amertume, l'auteure raconte une histoire douloureuse de l'enfance. On balance en permanence entre passé et présent. Le temps semble s'être brutalement arrêté, figé, fixé sur le passé. Hier est une période heureuse, belle, nostalgique, en complète contradiction avec aujourd'hui qui se remplit de haine, se nourrit de colère, de rancœur, qui s'alimente d'un désir de vengeance incontrôlable. L'histoire est construite comme une analyse psychanalytique. La narratrice se raconte par bribes, au gré des paragraphes, et le roman se construit au fur et à mesure. On comprend petit à petit que cette jeune femme est coincée entre plusieurs vies : la sienne, celle de sa vraie mère - inconnue -, et celle de son usurpatrice et ne peut sortir de ce cercle vicieux que par proscription. Mais c'est aussi - et surtout -, une histoire d'espoir et de renaissance après de douloureuses épreuves.
L'avis de Laurence, qui regrette la brièveté de ce roman et l'aurait préféré plus long.
Que s'est-il donc passé dans sa vie pour qu'Iréna vive ainsi dans une névrose permanente, pour qu'elle s'enferme dans une ronde infernale faite de haine, de ressentiment, de violence inassouvis ? Cela remonte à ses dix-huit ans. Ce jour-là, Iréna apprend la véritable histoire de sa vie. Sa mère, la vraie - Klara Sternschuss -, l'a confiée à un couple de braves polonais pour la sauver d'un sort connu à l'avance. Car quand on naissait dans le ghetto de Varsovie, les espoirs de survie se réduisaient à peau de chagrin. "Dans sa note, sans doute griffonnée à la hâte au moment de mon départ, ma mère me supplie de lui pardonner de m'abandonner ainsi. Mais elle savait déjà que c'était la meilleure solution".
Mais plus que l'abandon pour son bien, pour lui donner une chance de vivre et de grandir, c'est une femme qui est la cause de sa psychose, à l'origine de son malheur. Zofia Lass. Qu'a donc bien pu faire cette femme, vague tante éloignée ? Elle s'est appropriée l'histoire de sa mère. Elle a osé usurper son talent pour le faire sien et en reccueillir les fruits de la gloire. Zofia Lass a maquillé la réalité. Dès lors, Iréna va chercher à mieux connaître celle qui a dépouillé sa mère par-delà la mort. Zofia Lass deviendra son obsession, sa monomanie. Tous ses faits et gestes, ses moindres paroles, interviewes, apparitions, photos seront collationnées par Iréna dans le seul et unique but de faire rendre à sa mère ce qui lui revenait de fait, le soit-disant best-seller écrit par Zofia Lass, Le mur entre nous. "Le grenier de notre maison fut transformé en salle d'archives sur Zofia Lass, sa vie et sa prétendue oeuvre. Je tenais des classeurs, par pays, par langue. Des pages et des pages d'études, d'extraits de journaux et de magazines. J'ai établi la liste de ses récompenses et d'éloges de personnalités ... Elle a même reçu le Prix Femina à Paris !". Cette quête effrénée de la part d'Iréna n'a qu'un seul dessein, celui de se débarrasser de son passé qui lui pèse comme un fardeau et l'empêche de vivre. Elle veut se dépouiller de ses oripeaux pour renaître et aspirer - enfin -, à une nouvelle existence.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que "Le mur entre nous" de Tecia Werbowski est un roman court, dense et puissant. Écrit sur un ton acerbe où pointe l'aigreur et l'amertume, l'auteure raconte une histoire douloureuse de l'enfance. On balance en permanence entre passé et présent. Le temps semble s'être brutalement arrêté, figé, fixé sur le passé. Hier est une période heureuse, belle, nostalgique, en complète contradiction avec aujourd'hui qui se remplit de haine, se nourrit de colère, de rancœur, qui s'alimente d'un désir de vengeance incontrôlable. L'histoire est construite comme une analyse psychanalytique. La narratrice se raconte par bribes, au gré des paragraphes, et le roman se construit au fur et à mesure. On comprend petit à petit que cette jeune femme est coincée entre plusieurs vies : la sienne, celle de sa vraie mère - inconnue -, et celle de son usurpatrice et ne peut sortir de ce cercle vicieux que par proscription. Mais c'est aussi - et surtout -, une histoire d'espoir et de renaissance après de douloureuses épreuves.
L'avis de Laurence, qui regrette la brièveté de ce roman et l'aurait préféré plus long.
13 commentaires:
As tu décidé de faire exploser ma Pal ? tu te doutes qu'avec de tels propos je ne peux que craquer ! ;-))
@ Michel : mais je compte bien te faire exploser ta PAL ... Tu verrais la mienne, c'est affolant ;-D
ravie qu'il t'ait plu!!
@ Choupynette : Ce livre m'a touchée et j'ai déjà repéré un autre ouvrage de cette auteure aux éditions "Les Allusifs" ;-D
Mais elle a déjà explosé !
elle résiste au 200 mais je narrive pas à descendre en dessous des 190 !
@ Mais, Michel, je crois que les PAL des LCA ont explosé depuis longtemps ... Il faudrait que je compte la mienne pour voir ;-D Dans le pire des cas, mes livres peuvent voyager. Il suffit de me le demander gentiment !!
Moi je suis une grande fan des allusifs depuis longtemps ! et j'adore leurs couvertures les trois livres de cette auteure sont particulièrement craquantes, concernant le contenu déjà repéré !
Je suis ravie de lire ton commentaire sur ce livre! Il trône dans ma PAL depuis pas mal de temps déjà... il faut que je me décide ;)
moi aussi je craque là... On fait comment pour demander gentiment ?
tu me fais signe ?
@ Alice : Leurs livres ont des couvertures magnifiques et oniriques et le contenu est excellent ... J'ai craqué pour un autre titre de cette romancière ;-D
@ Allie : Il faut que tu lises ce roman très court (89 p.) pour la beauté du texte. Tu ne le regretteras pas un instant ;-)
@ Sylvie : Je t'envoie un message par mail pour t'envoyer ce petit concentré de bonheur ;-)
Merci nanne pour cet envoi :)
J'ai lu cette nouvelle avec beaucoup de plaisir.
Elle est "retorse" et surprenante même si ce n'est pas tout à fait un coup de cœur pour moi.
Je viens de poster le bouquin ;)
Nanne, je viens de lire le billet de Sylvie, et le tien. Si ce livre voyage je veux bien l'héberger un moment, sauf s'il est déjà revenu chez toi, tant pis...tu me dis ?
Malgré mes piles de livres à lire, je me laisse tenter...
@ Antigone : Il n'y a aucun problème pour que je te l'envoie. Je fais le nécessaire de mon côté pour te contacter et avoir ton adresse ...
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